Le 17 juin dernier, le bloggeur Moulay Abba Bouzeid était arrêté par les milices du Polisario alors qu’il manifestait devant le siège de la délégation du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) dans les camps de Tindouf. Les jours suivants, Fadel Breika et Mahmoud Zeidan étaient eux aussi arrêtés. Deux autres activistes connus pour avoir dénoncé à maintes reprises sur les réseaux sociaux la corruption qui sévit au sein de la direction du Front.
Presque deux mois après ces interpellations, ce dossier commence à perdre de l’importance sur la scène médiatique, au point d’être relégué au simple fait divers avec de temps en temps des informations au compte-goutte sur l’état de santé de tel détenu ou l’appel lancé par les proches d’un autre.
A ce constat s’ajoute la faible mobilisation de la population des camps de Tindouf en faveur des trois dissidents. En témoigne le sit-in observé le 25 juillet devant le siège du «ministère de la Justice» au camp Rabouni. Dans l’ensemble, ils étaient à peine une trentaine de manifestants à réclamer la libération immédiate des trois activistes.
Sur la scène internationale, le constat est presque le même
Sur la scène internationale et jusqu’à présent, les actions menées par l’Initiative sahraouie pour le changement (ISC) et l’Association sahraouie pour la défense des droits de l’homme (ASADEH) n’ont pas eu un impact sur le cours de cette affaire. Les nombreux messages adressés par les deux entités à différentes instances internationales au lendemain des arrestations sont restés lettres mortes.
Il en est de même pour les missives destinées à des ONG internationales des droits de l’homme, à l’exception de Human Rights Watch. Après un mois de silence, celle-ci a enfin daigné communiquer sur les arrestations des trois activistes.
«Le siège central d’Amnesty international à Londres et sa section en Espagne n’ont pas répondu à nos sollicitudes sur ce sujet», déplore Messoud Ramdan, le président de l’ASADEH, dans des déclarations à Yabiladi. Des partis politiques au pays ibérique observent également le même silence, dont Podemos. La formation d’extrême gauche avait pourtant été informée de ce dossier dès les premiers jours ayant suivi les arrestations des trois opposants.
En l’absence de pressions de la part des Sahraouis des camps et d’acteurs internationaux, la direction du Polisario est restée ferme sur ses positions. Pire, même le procès qu’elle avait promis de tenir, dans son communiqué du 20 juillet, n’est plus d’actualité.
Malgré ce bilan peu encourageant, des initiatives émergent de temps à autre et donnent par la même occasion de l’espoir aux familles des détenus. Par exemple au Mexique, le député fédéral Antonio Ortega Martínez a demandé, dans une lettre envoyée à l’ambassadeur algérien à Mexico, l’intervention des autorités algériennes pour la libération des trois dissidents, indique l’ISC. Et de rappeler au diplomate que les arrestations et les détentions se sont produites sur le territoire algérien.
Au Pérou, c’est le «Conseil péruvien de solidarité avec le peuple sahraoui» qui a exprimé, hier, la même demande.