Les spéculations sur la forme de la Terre suscitent d’innombrables débats depuis des lustres. Les Egyptiens percevaient la planète comme un vaste terrain plat éclairé par le soleil, qu’ils appelaient le Dieu Râ, dieu solaire créateur de l’univers dans la mythologie égyptienne, qui voyageait chaque jour dans le ciel, croyaient-ils.
En Grèce, ce fut les poètes Hésiode et Homère, auteur de l’Odyssée, qui décrivirent la Terre comme un disque plat et rond entouré d’océan. Mais vers 330 av. J.-C., les philosophes grecs commencèrent à adopter l’idée d’une forme sphérique. Aristote apporta des preuves, réfutant l’idée d’une Terre plate, et sa conviction se retrouva dans le monde musulman, où les érudits étaient convaincus que la Terre était tout sauf plate.
Les musulmans furent ainsi parmi les premiers chercheurs à reconnaître la sphéricité de la Terre. Influencés par les philosophes grecs, plusieurs érudits arabes menèrent de nombreuses tentatives pour prouver cette hypothèse.
Estimation du rayon de la Terre
L’une de ces tentatives fut l’œuvre de l’érudit perse Abi Rayhan Muhammad ibn Ahmad Al Biruni. Ce polymathe musulman, qui a vécu au début du XIe siècle, fut l’un des premiers érudits à estimer le rayon et la circonférence de la Terre.
Selon James S. Aber, Al Biruni «considérait la Terre comme une sphère et calculait sa situation au plus près des valeurs modernes». Les récits historiques suggèrent qu’Al Biruni était au Pakistan lorsqu’il parvint à calculer le rayon de la Terre. Il a estimé qu'il «était d’environ 6 339 km (...), ce qui donne une circonférence de la Terre d’environ 39 830 km, ce qui est plus précis que le calcul effectué aupravant par le géographe Ératosthène sur environ 39 690 km», indique un article publié par le site InThinking Subject Sites. L’estimation du savant musulman ne différait que de quelques kilomètres du rayon de la Terre, connu aujourd'hui par les scientifiques contemporains.
Une planète en forme d’œuf
Avant d’évaluer son rayon, d’autres savants musulmans avaient déjà soutenu que la Terre n’était pas plate. Un livre intitulé «Science de la nature et progrès de la recherche en technologie durable» (éd. Nova Publishers, 2008) mentionne un autre érudit musulman, convaincu de l’idée susmentionnée.
L’ouvrage révèle que le géographe persan du IXe siècle, Ibn Khordadbeh, a mentionné dans «Livre des routes et des royaumes» (Kitab Al Masalik wa Al Mamalik) que «la Terre n’est pas plate». Ce dernier pensait en effet que la Terre avait une «forme d’œuf» mal traduite en «elliptique» (c’est-à-dire qui présente une ellipse), une «forme aphénoménale (…) qui n’existe nulle part dans la nature».
Tandis que l’explication d’Ibn Khordadbeh s’inspirait du Coran, d’autres savants comme Ibn Hazm avaient aussi leur propre point de vue à partager sur la forme de la Terre. Dans un article publié en 2006, The Independent écrivait que ce polymathe andalou avait déclaré que «le soleil est toujours en position verticale par rapport à un endroit précis de la Terre (…) 500 ans avant que Galilée en soit conscient».
Bien que les érudits musulmans aient démontré que la Terre n’était pas plate, des théories visant à infirmer cette vérité, pourtant confirmée par les sciences modernes, circulent toujours. Beaucoup de gens croient encore que notre planète est un vaste terrain plat qu'on peut regrouper dans la nébuleuse baptisée «Flat Earth Society».