La «diplomatie des photos» que mène le Polisario avec un certain succès a été à l’origine d’un début de tension diplomatique entre le Maroc et le Niger. Un pays considéré pourtant comme très proche du royaume sur le continent. Tout a commencé lors d’une réception donnée par le pays hôte du 33e sommet ordinaire de l’Union africaine organisé, les 7 et 8 juillet, à Niamey.
Le 7 juillet, l’agence SPS (Polisario) publiait un article consacré aux nombreuses réunions tenues par les représentants du Front en marge de ce grand conclave avec les autres délégations africaines. Le texte était accompagné de deux photos dont une a particulièrement irrité les responsables marocains. Et pour cause, elle montrait le président de la Chambre des représentants du Niger, Tini Ousseini, avec le «ministre délégué chargé des Affaires africaines», Hamdi Khalil Miyara. Assis sur deux fauteuils côte à côte, l’image donnait l’impression que le nigérien écoutait attentivement les explications du responsable du Polisario.
Niamey tente de rassurer Rabat
On apprend qu’une fois le sommet terminé le Maroc, par des canaux diplomatiques, a exigé des autorités de Niamey de lui fournir des explications sur les circonstances de cette photo. Le 16 juillet, la réponse écrite du ministère nigérien des Affaires étrangères est enfin parvenue à l’ambassade du royaume à Niamey. La photo «qui a été publiée par les services de presse du mouvement de Brahim Ghali «ne correspond nullement à la réalité des faits», indique le document auquel Yabiladi a eu accès.
«Le président de l’Assemblée nationale du Niger l’Honorable Monsieur Tini Ousseini n’a pas accordé d’audience à cette personnalité sahraouie et aucun autre membre responsable nigérien non plus ne l’a fait», affirme le département de Kalla Ankourao.
«Il n’y a pas eu d’échange entre le Président de l’Assemblée nationale et ce représentant de la ‘République Arabe Sahraouie’, qui s’est retrouvé fortuitement dans le même salon d’attente où se trouvent les Hautes Personnalités participant à la Conférence de l’Union Africaine. Cette photo a été prise subrepticement par un accompagnant du Représentant Sahraoui.»
Cette affaire n’est pas sans rappeler la polémique ayant suivie la photo de Brahim Ghali avec le ministre israélien Ayoob Kara prise le 25 mai 2017 à l’occasion de la cérémonie d’investiture du nouveau président de l’Equateur, Lenín Moreno. Après les protestations de Rabat, Tel-Aviv avait fini par reconnaitre que les réunions de Kara à Quito n’avaient fait l’objet ni d’une «coordination», ni de l’«approbation» préalable du cabinet du chef du gouvernement israélien.