Pour faire passer un message il faut parfois insister. Ainsi, le ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale (MAECI) a dû s’y reprendre à deux fois pour communiquer sur l’adhésion du Maroc à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Hier soir, le ministère a diffusé une déclaration en ce sens de Nasser Bourita.
«Le Maroc a adhéré de manière forte à l’exercice d’établissement de la ZLECAf mais sa signature et sa ratification de cet accord ne sauraient être interprétées comme une reconnaissance d’une situation, d’un fait ou d’une entité qui ne reconnait pas et qui menace son intégrité territoriale et son unité nationale», a-t-il précisé.
Le chef de la diplomatie marocaine fait ainsi référence à la «RASD», la république autoproclamée par le Polisario et non reconnue, qui est également signataire de l’accord lors du sommet extraordinaire de l’Union africaine (UA) de Kigali en mars 2018. Le mouvement séparatiste fait ainsi partie intégrante du premier groupe de pays africains ayant ratifié la ZLECAf.
Sur ordre protocolaire, le Polisario 3e membre de l’UA signataire de la ZLECAf
Face à cette incongruité, Nasser Bourita a appuyé ses tacles : «Si cette entité va faire du commerce à partir de Tindouf ça va être du commerce interne dans un autre pays de l’Union africaine qui est l’Algérie (…) Avec quelle monnaie cette entité va-t-elle le faire ? Si ce commerce aura lieu, c’est avec la monnaie algérienne».
Des précisions suivies, ce lundi après-midi, par la publication de nouvelles explications de la part des services de communication du MAECI. «A la signature comme à la ratification de la convention portant création de la ZLECAf, le Maroc a émis une réserve claire et ferme, afin que cet engagement ne soit ni compris ni indûment interprété comme une reconnaissance d’une quelconque entité que lui-même ne reconnait pas, que les 3/4 des pays africains ne reconnaissent pas, et que les Nations unies ne reconnaissent pas».
Les sorties médiatiques du ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale ne sont qu’une répétition de la communication gouvernementale. Elles s’inscrivent en effet dans la continuité des explications données, le 21 février, par le ministre des Relations avec le Parlement et la société civile, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi suite à l’adoption par le gouvernement El Othmani du projet de loi n° 11.19 portant ratification de l'accord de création de la Zone de libre-échange continentale africaine.
Si les arguments tombent sous le sens au niveau national, ils ne semblent pas être entendus au niveau continental. Au sein de l’UA, même sans territoire, le Polisario fait toujours partie des Etats membres et adhérant de la ZLECAf. Mieux encore, hier à Niamey, le Polisario était le troisième «membre de l’Union africaine» à signer la ZLECAf, après le Rwanda et l’Algérie. Tout un exemple de l’influence de l’Afrique du sud et de l’Algérie dans la prise de décision au sein de l’Union africaine.
Pour rappel, lors de la présentation de sa requête d’intégration à l’Union africaine, en 2016, le royaume n’avait exigé la moindre condition.