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Grand Angle

Les détenus du Hirak du Rif dénoncent le rapport de Benyoub «glorifiant» l’action de la police

Le rapport du délégué interministériel des droits de l’Homme sur le mouvement de contestation du Rif suscite de vives réactions de la part des détenus du Hirak.

Publié
Nasser Zefzafi / DR
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Nasser Zefzafi a été le premier à tirer à boulets rouges sur le rapport du Délégué interministériel aux droits de l’Homme (DIDH), Chaouki Benyoub. Dans une conversation téléphonique avec son père, le leader du Hirak a affirmé que le document a «davantage aggravé les blessures de la mémoire collective en glorifiant l’action de l’institution sécuritaire. Celle-ci a commis des crimes et des dépassements contre les filles et les fils du Rif. Ses éléments se sont délectés à me torturer et à me violer en scandant vive le roi».

Même son de cloche de la part de Youssef Haki, condamné à dix de prison. «Les rapports suspects n’effaceront pas de ma mémoire les mercenaires qui m’ont enlevé», a-t-il écrit dans un message diffusé sur la page Facebook de l’Association Tafra.

Sur un ton plus diplomate, El Habib Hannoudi, incarcéré à Tanger2, a demandé à son épouse Houda Sekkaki de rendre public sa réaction, jugeant ainsi ledit rapport «conforme à la position officielle exprimée dès le lancement de la campagne répressive sur le Rif».

Un rapport et des interrogations

Cette colère est également partagée par les anciens prisonniers, tel que Mohamed Naimi. Il a souligné dans un post Facebook qu’il y a des vidéos démentant la version donnée hier par le délégué interministériel aux Droits de l’Homme.

Un rapport qui soulève aussi des interrogations quand à son timing. Contactée par Yabiladi, une source associative proche du dossier s’interroge ainsi «sur la date de sortie du rapport alors même que le dossier est sur une voie prometteuse». Et de rappeler «que la présidente du CNDH, Mme Amina Bouayach, commence peu à peu à gagner la confiance des familles, ce qui était loin d’être un objectif facile».

La publication de ce rapport relance ainsi la question lancinante sur l’objectif de l’Etat vis-à-vis du dossier du Hirak du Rif. Les initiatives, les rapports et les décisions se multiplient sans pour autant suivre une ligne directrice claire, quand ils ne se contredisent pas.

Pour mémoire début juillet 2017, un rapport commandé par le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) à deux médecins légistes avaient accusé la Direction général de la sureté nationale (DGSN) d’avoir torturé les détenus du Hirak du Rif incarcérés à la prison Oukacha à Casablanca.

La DGSN a immédiatement réagi, rejetant «ces accusations et dangereuses allégations portées à l’encontre de ses services et fonctionnaires». Indignés, les services de Hammouchi sont allés jusqu’à mettre en doute l’authenticité du document ayant fuité dans la presse.

Ce clash entre la DGSN et le CNDH avait contraint le ministre de la Justice, alors président du Ministère public, de soumettre ledit rapport entre les mains de deux procureurs du roi, respectivement près des cours d’appel de Casablanca et Al Hoceima. 

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