Pour asseoir sa position auprès des décideurs politiques et économiques aux Etats-Unis, le Maroc continue de parier sur les cabinets de lobbyistes. En 2018, ses dépenses à cet égard se sont élevées à plus de 1,7 million de dollars, indique le «Center for Responsive Politics (CRP)» qui s’appuie sur les chiffres du «Foreign Agents Registration Act (FARA)», relevant du Département de la Justice. Ce montant est réparti comme suit : 1,305,000$ déboursé par le gouvernement marocain et 414,923 $ par des parties non-gouvernementales.
Ce chiffre est légèrement inférieur au 1,8 million de dollars enregistré une année auparavant. Néanmoins, il est lieu de noter un changement nodal dans la répartition des frais engagés à cette fin aux Etats-Unis entre les deux principaux acteurs. En effet en 2017, la part revenant à l’exécutif marocain n’a pas dépassé 239.800$.
Le Maroc et le Qatar clients du même lobbyiste
On apprend également que l’une des dernières actions en 2018 du lobby marocain porte la signature du cabinet Glover Park Group (GPG). Elle date en effet du 12 décembre, dans le sillage du premier rejet de la majorité des députés démocrates à la Chambre des représentants d’intégrer le Sahara occidental dans les aides accordées au royaume.
Le document dont une copie a été adressée au FARA loue la contribution du royaume dans la guerre contre le terrorisme et rappelle ses milliards de dollars dépensés dans l’acquisition d’armes auprès de grandes sociétés américaines.
Le contrat, signé en janvier 2018 et d’une durée de 18 mois, liant le ministère marocain des Affaires étrangères et le cabinet Glover Park Group (GPG), arrivera à échéance en juillet prochain.
Toujours en 2018 un autre opérateur, Iron Bridge Strategies, a bénéficié de 120 mille dollars de la part du royaume, indique le CRP. L’émirat du Qatar est également client de l’IBS avec 125 mille $ durant la même période.
Aucune information sur l’Algérie
Etrangement, le CRP ne fournit aucun chiffre sur les dépenses de l’Algérie en lobbying aux Etats-Unis en 2018. Le site n’a pas actualisé ses données concernant le voisin de l’Est. Seuls les 421 000 dollars remontant à 2017 y figurent encore.
Pourtant en novembre dernier, le gouvernement algérien a recruté la société Keene Consulting Services, dirigée par David Keene, considéré comme proche du Parti Républicain et des milieux conservateurs, pour 360 000 dollars par an. Une somme qui en principe devrait figurer sur les registres du FARA.
Depuis la signature du contrat, KCS n'a pas chômé. Il a notamment permis en janvier 2018 à l’ancien ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel d’animer une conférence sur «l’expérience algérienne dans la lutte contre le terrorisme et la stabilisation de la région» au «Center for strategic and international studies», basé à Washington. Un autre think-tank conservateur connu pour être proche d'Israël.