Sur un total de 1 010 répondants, 39% ont estimé que la votation suisse est un « acte islamophobe ». Une islamophobie qui est d’autant plus surprenante puisque les 400 000 musulmans en Suisse sont assez bien intégrés, et le pays ne compte que quatre minarets pour plus d’une centaine de mosquées. Ces quatre tours sont-elles si visibles ? De plus, le minaret est un élément architectural des mosquées, lieux de culte des musulmans. A l’origine, le minaret avait pour objectif de permettre au muezzin de faire l’appel de la prière depuis un point élevé. Dans les églises, cette fonction est dévolue au clocher (tour plus ou moins élevée dotée d’une ou plusieurs cloches). Ainsi, une mosquée sans minaret pourrait être comme une église sans clocher
Dans le monde, l’interdiction de l’édification des nouveaux minarets a été perçue en général comme une discrimination. Une partie des sondés (20%) a été sur la même longueur d’onde, pensant que c’est un « acte discriminatoire ». Près d’un quart (24%) ont avancé que le résultat du vote est « l’expression d’un sentiment de peur ». Un choix corroboré par la déclaration de l’islamologue Tariq Ramadan, après le referendum. « Les Suisses ont exprimé une vraie peur, un questionnement profond sur la question de l'islam en Suisse », avait-il soutenu. Mais de quoi les Suisses ont-ils peur ? Ou alors de qui ?
N’était-ce pas au contraire « l’expression de la volonté populaire » (11% de nos répondants), comme s’exclamait à La Tribune de Genève, le vice-président national de l’UDC (droite conservatrice) Yvan Perrin quand il disait : « les gens n’ont pas dit non à l’islam, mais oui à d’autres valeurs. Mais les accommodements raisonnables, c’est fini. ».
Enfin, seul 5% des sondés se sont prononcés sur l’interdiction des minarets comme étant un acte « positif pour lutter contre l’intégrisme » alors que 2% n’ont pas donné leur avis.