Tout en pariant sur les allégations d’atteintes présumées aux droits de l’Homme au Sahara par le Maroc, le Front Polisario ne lâche pas prise s’agissant de ce qu’il considère comme «exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara». Mercredi, son ONG, Western Sahara Ressource Watch (WSRW) s’est intéressé à trois cas différents d’entreprises qui opèrent dans différents domaines au Sahara.
Ainsi, dans un premier article, l’association pro-Polisario a affirmé avoir contacté les autorités sud-africaines pour les alerter de la venue d’un navire norvégien «transportant probablement du poisson congelé du Sahara occidental».
WSRW rappelle le cas du navire de phosphate, NM Cherry Blossom, qui a été bloqué pendant plusieurs mois par la justice sud-africaine suite à une plainte déposée par le Polisario. «Le navire frigo Green Glacier, de propriété norvégienne, se dirige actuellement vers le Cap (ville portuaire en Afrique du Sud sur la côte ouest-africaine, ndlr) - avec une cargaison susceptible de contenir du poisson congelé provenant du territoire occupé».
Le navire devrait arriver dans trois jours, le 26 janvier 2019 à 1 heure du matin», indique l’ONG qui traque ce bateau depuis qu’il a quitté le port de Dakhla le 4 janvier dernier et suit de très prêt son «tirant d’eau» à chaque fois qu’il quitte un port sur son chemin vers l’Afrique du Sud.
L’indien Coromandel Fertilizer Ltd dans le viseur
Pour l’ONG, «seule une inspection au Cap peut établir ce fait». L’article précise également que «le 23 janvier, WSRW a alerté les autorités portuaires locales de l’arrivée du navire, lui demandant de procéder à une inspection». Dans un deuxième article, l’ONG passe aux phosphates, annonçant que la société indienne Coromandel Fertilizer Ltd a reçu, pour la première fois, du minerai de phosphate du Sahara occidental transporté par le vraquier SBI Jaguar.
«Dans l’après-midi du 16 janvier, heure locale, ce vraquier est arrivée au port de Visakhapatnam, en Inde», poursuit WSRW qui rappelle que ce navire avait quitté Laâyoune le 12 décembre 2018 avec à son bord «environ 60 000 tonnes de minerai». L’ONG dit avoir adressé un courriel à l’entreprise indienne, pour «lui demander si elle avait satisfait à l’obligation légale d’obtenir l’accord préalable des représentants du territoire pour ce type de commerce et s’il s’agissait là d’une importation unique».
Elle souligne aussi avoir contacté le propriétaire du vraquier, Scorpio Commercial Management, qui serait aussi «à l’origine de la toute dernière cargaison du minerai du conflit en Europe à bord du navire SBI Flamenco, qui en septembre-octobre 2016 a transporté 75 000 tonnes de minerai du Sahara Occidental au port de Klaipeda, en Lituanie».
L’exploration pétrolière et gazière n’échappe pas non plus
Pour finir son compte rendu concernant sa mobilisation, Western Sahara Ressource Watch s’intéresse enfin, dans un troisième article, à l’exploration pétrolière et gazière au Sahara. Elle rapporte ainsi que la société canadienne Wolverine a finalisé le mois dernier le rachat de Petromaroc, la «petite société» avec des intérêts dans le bloc Zag au Sahara. Ce permis est détenu à 22,5% par Petromaroc, 25% par l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) et 52,5% par l’opérateur San Leon Energy.
Un opérateur contre lequel l’ONG dit avoir déposé une «plainte contre l’opération en 2018 auprès du point de contact national de l'OCDE en Irlande pour violation des Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales, l’entreprise n’ayant pas obtenu le consentement des Sahraouis». WSRW affirme aussi avoir contacté le canadien Wolverine pour «s’enquérir» de cette nouvelle prise de participation, et s’étonne presque de ne pas avoir reçu de réponse.
Il est clair que le Polisario entend multiplier ses actions au Sahara et à l’international. En témoigne la mobilisation de ses relais à Laâyoune, et à leur tête Aminatou Haidar qui voulaient se rendre dans d’autres villes du Sahara, la semaine dernière, pour protester. Les relais médiatiques ont d’ailleurs relayé, au début cette semaine, la réaction de ces Sahraouis contre ce qu’ils considèrent comme «atteinte» à leur liberté de mouvement.