La carrière politique d’Abdelilah Benkirane a-t-elle encore de l’avenir ? Les nombreux commentaires sur la page Facebook de son chauffeur et confident Farid Titi, dénonçant sa confortable retraite de 90 000 dirhams, laissent présager la fin. Ils doutent sérieusement des «difficultés financières» de l’ancien chef du gouvernement.
Face à cette vague de condamnations, les jeunes du PJD envoyés au charbon sont dépourvus d’arguments à même d’assurer la défense de leur «maître». Parmi eux, une majorité a préféré mettre en valeur le nombre de personnes ayant suivi en direct la prestation de Benkirane du 22 janvier et, au passage, lancé un défi à Aziz Akhannouch, le président du RNI, de réaliser une telle audience. En revanche, une minorité a opté pour la fuite en avant, saluant un «leader historique».
Benkirane dans le sillage d'Akhannouch ?
Parallèlement, il y a lieu de noter une déception observée notamment dans les rangs des sympathisants du PJD, qui se disent choqués par le double discours de Benkirane. Ils pensent qu’il n’aurait pas dû solliciter sa «retraite» de chef du gouvernement.
Cette guerre virtuelle devrait avoir des répercussions dans le monde réel. Les récentes sorties médiatiques de l’ancien secrétaire général du PJD, particulièrement sur la «liberté individuelle» d’Amina Maelainine de porter le voile ou de s’en débarrasser, ont déplu à certains ténors du PJD, dont Abdelaziz Aftati.
Et ce n’est pas un hasard si le communiqué final du conseil national de la Lampe, tenu les 11, 12 et 13 janvier à Salé, a insisté sur le «référentiel islamique» du parti. Une petite revanche pour Saâdeddine El Othmani sur son vieux rival, sachant que c’est habituellement Abdelilah Benkirane qui assumait les fonctions de «gardien du temple» par sa défense des «valeurs de l’islam».
En témoigne sa fameuse interruption, alors qu’il était député de l’opposition, d’une séance des questions orales diffusée en direct sur Al Oula uniquement pour dénoncer une caméra woman de 2M qui portait un t-shirt. Mais depuis, Benkirane a «évolué».
Malgré cette «mauvaise conjoncture», ses chances de revenir en force sur la scène politique ne sont pas nulles. Avec la campagne de boycott des produits de sa société Afriquia, de nombreuses voix avaient sonné la fin politique d’Aziz Akhannouch. Quelques mois plus tard, il était toujours présent et prenait même du galon. Un parcours qui devrait donner à Benkirane des raisons d’espérer.