En 2018, les Marocains ont été 12 745 à traverser la Méditerranée dans leur tentative de rejoindre l’Europe. C’est ce que rapporte le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), dans ses données mises à jour pour l’année passée. Le royaume est ainsi le deuxième pays des migrants qui rêvent de l’eldorado européen, après la Guinée, dont les ressortissants ont été 13 068 à entreprendre le périple.
Avec 10 347 candidats, le Mali est pour sa part le troisième pays d’émigration vers le Vieux continent. Les Syriens ont quant à eux représenté 9 839 passagers, suivis des Afghans (7 621) et des s (7 333) et des Algériens (6 154), puis des Ivoiriens (6 041) et des Tunisiens (5 483).
L’Espagne, première «porte de l’Europe»
En 2018, l’Espagne a accueilli 57 215 des migrants arrivés cette année-là par voie maritime, devenant désormais le point d’arrivée principal des candidats à la migration. La Grèce a accueilli quant à elle 32 497, tandis que 23 371 ont accosté en Italie, 1 182 à Malte et 676 à Chypre.
Dans leur arrivée en Espagne, les Marocains dépassent toutes les autres nationalités, avec 12 365 migrants. La Guinée arrive en seconde place avec 12 258 ressortissants, avant le Mali (9 471), la Côte d’Ivoire (4 991), l’Algérie (4 602), la Gambie (3 965), le Sénégal (1 851) et la Syrie (1 421). D’autres nationalités arrivent en bas de l’échelle, telles que la Mauritanie, le Cameroun, le Ghana, Burkina Faso, la Palestine, la Tunisie et le Yémen.
En Grèce, les Marocains ne figurent pas parmi la liste des arrivants, occupée en premier lieu par les Syriens (7 640), les Afghans (7 621) et les Irakiens (5 645). En Italie, nos nationaux ont été 380 à arriver par voie maritime, loin derrière les Tunisiens (5 002), les Erythréens (3 320), les Irakiens (1 688), les Soudanais (1 619), les Pakistanais (1 589) et les Nigérians (1 250).
Le nombre de migrants en baisse
Depuis le 1er janvier 2018, 21,1% de ces arrivants ont été des enfants, 14,5% des femmes et 65,5% des hommes. Au total, les migrants arrivés par voie maritime à Chypres, en Grèce, en Italie et en Espagne ont été de 114 941 jusqu’au 31 décembre 2018.
Le HCR précise aussi que 2 262 migrants ont perdu la vie dans cette traversée, soit une baisse par rapport à 2017, où 3 139 passagers sont morts ou ont disparu. En 2016, ce chiffre a atteint 5 096. En 2015, 3 771 migrants ont péri, tandis qu’en 2014, ils ont été de 3 538.
Ainsi, c’est pour la première fois depuis quatre ans que le nombre de décès en Méditerranée est passé en dessous de la barre des 3 000 cas. Il faut noter cependant que ce chiffre s’évalue par rapport aux nombres de traversées qui ont également baissé depuis. En 2017, le nombre d’arrivées par la mer s’est élevé en effet à 172 301. En 2016, le chiffre a été de 362 753, de 1 015 078 en 2015 et de 216 054 en 2014, ce qui signifie que le nombre d’arrivées a drastiquement baissé.
L’Europe renforce ses frontières
Plusieurs facteurs expliquent cette évolution liée d’abord aux départs de plus en plus mis en difficulté, dans un contexte où les politiques migratoires sont de plus en plus strictes et s’alignent sur celles de l’Europe. Celle-ci opte désormais pour l’externalisation des frontières en Afrique. «L’accueil des migrants sauvés en mer a provoqué une crise diplomatique européenne après la fermeture des ports italiens, plusieurs navires humanitaires se retrouvant à errer en Méditerranée faute de savoir où accoster», note de son côté le média suisse RTS, faisant remarquer que cet accueil en Italie est «en chute libre par rapport à 2017», où le chiffre était de 119 369.
Ces données sont publiées au moment où plusieurs ONG critiquent de leur côté l’inaction des Etats de la région quant au sauvetage des migrants en mer, voire la mise en échec d’opérations humanitaires dans ce sens. Le 2 janvier, le Courrier international a publié une vidéo traduite du New York Times, où le média américain a pu documenter l’une de ces interventions mises à mal par des garde-côtes libyens, dont les programmes sont financés par l’Union européennes en collaboration étroite avec l’Italie.
Les 17 ressortissants secourus avaient déposé un dossier auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme. Une plainte qui s’ajoute à celle déposée en décembre 2018 par Mission Lifeline, une autre ONG allemande. Cette dernière a saisi la Cour pénale internationale pour «crime contre l’humanité» mettant en cause l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex) et l’opération militaire Eunavfor Med de lutte contre le trafic de migrants en Méditerranée.