Alors que le procès d’Abdelali Hamieddine débutera mardi 25 décembre à la Cour d’appel de Fès, ce dossier a été au centre d’une réunion du secrétariat général du Parti de la justice et du développement (PJD). Une rencontre organisée samedi soir dans le quartier des princesses.
La direction du PJD a qualifié la décision du juge d’instruction de poursuivre Hamieddine en justice «d’inappropriée», rapporte Akhbar Alyaoum dans son édition de ce lundi. Le secrétariat général de la Lampe a en effet estimé que le président de Mountada Al Karama et conseiller parlementaire «a été jugé en 1993 et ce faisant, ne peut être rejugé, même sous une qualification juridique différente», poursuit le quotidien, cité par Le360.
La réunion du samedi a permis aux frères de Saâdeddine El Othmani de trancher s’agissant des personnes qui seront présentes lors de l’ouverture de ce procès. «Il est prévu que de nombreux dirigeants centraux et régionaux assistent à la première audience qui va se dérouler à Fès», poursuit le média.
Interdire aux ministre de prendre part au procès : une décision «normale»
Mais si des sources médiatiques affirment que le secrétariat général aurait interdit aux ministres du PJD de prendre part à ce procès, Abdelaziz Aftati, membre du secrétariat général du PJD, contacté par Yabiladi ce lundi, dément toute interdiction. «Il n’y a pas de liens entre le fait de ne pas pouvoir assister à ce procès et l’interdiction évoquée. Ce qui est réel, c’est que le secrétariat général de notre parti a mandaté des frères pour être présents», nous confie-t-il. «C’est normal que tous les frères ne puissent prendre part à ce procès», ajoute-t-il.
Sur l’éventualité qu’un ministre soit présent à ce rendez-vous, Abdelaziz Aftati estime «normal que des ministres ne se présentent pas, compte tenu de leurs missions ministérielles». Slimane Amrani, secrétaire général adjoint du Parti de la justice et du développement (PJD) qualifie, pour sa part, la décision de «normale». «Il s’agit d’un procès sans fondement juridique où il y a aussi de la politique», nous déclare-t-il ce lundi. Interrogé sur la présence des ministres de la Lampe à ce procès, il souligne que «les ministres du PJD sont ceux de tous les Marocains».
«Pour ne pas être accusés de porter atteinte à la justice, nous avons décidé que les ministres n’iront pas au procès. Mais d’autres membres du secrétariat général seront présents. Je le serai tout comme le président du Conseil national, les présidents des groupes parlementaires et d’autres.»
Un procès qui embarrasse la Lampe
Pour rappel, la Cour d’appel de Fès a décidé, début décembre, de poursuivre le secrétaire régional du PJD de la région Rabat-Salé-Kénitra, Abdelali Hamieddine, pour complicité de meurtre de Mohamed Aït Ljid Benaïssa en 1993. Également président du Forum de la dignité pour les droits de l’Homme, Abdelali Hamieddine fait l’objet de plaintes déposées par la famille du défunt, la dernière datant de fin 2017.
Depuis cette annonce, des réactions multiples ont émané des membres de son parti, également à la tête de la coalition gouvernementale. Mustapha Ramid, ministre d’Etat aux droits de l’Homme, s’est dit «surpris par cette accusation», dans le cadre d’une affaire où le secrétaire régional du PJD «a déjà été jugé et acquitté». Le président du groupe de la Lampe à la Chambre des représentants, Driss Azami El Idrissi a dressé, pour sa part, un réquisitoire contre les accusations portées à l’encontre de son «frère», pointant du doigt un «précédent qui menace la stabilité» et «l’indépendance du pouvoir judiciaire» au Maroc.
Des réactions qui ont fortement déplu aux magistrats. D’ailleurs, la Coalition des associations des professionnels de la magistrature, regroupant l’Amicale Hassania de la Magistrature, le Club des Magistrats et l’Association Marocaine des Femmes Juges, s’est dite «surprise face à la tentative de soumettre le pouvoir judiciaire à des enchères politiques et partisanes sur une question faisant l’objet d’un procès».
De plus, trois avocats ont déposé, jeudi 20 décembre, une plainte auprès du procureur général près de la cour de cassation contre le ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme et l’accusent de «porter atteinte au corps de la magistrature et à l’indépendance du pouvoir judiciaire».