Les Atlantic Dialogues du Policy Center for the New South (PCNS) se sont ouverts ce jeudi à Marrakech par une séance consacrée à la présentation de la 5e édition du rapport «Atlantic Currents», axée sur les perspectives atlantiques.
Intervenant à cette occasion, Bouchra Rahmouni, professeure de l’enseignement supérieur, doctorante en économie internationale, chercheuse principale au PCNS et coauteure du rapport, a affirmé que ce dernier n’est «pas une série de réactions mais plutôt une approche positive visant à offrir de nouvelles bases pour une coopération porteuse de succès et de développement dans l’espace atlantique».
Hafsat Abiola, présidente et PDG de Woman Africa Intiative, a confirmé ce constat. «Ce rapport se veut "solution oriented" dans un monde devenu agressif», a-t-elle complété, mettant en exergue le «besoin, pour l’Afrique, d’élargir son horizon et de regarder vers de nouveaux espaces comme l’Amérique latine». Un continent «qui présente beaucoup de similitudes historiques, politiques, économiques et culturelles avec le continent» africain.
Youness Abouyoub, politologue et sociologue à la Columbia University, également directeur de la division des Nations unies pour la gouvernance et la construction de l’Etat dans la région MENA, a évoqué «l’avenir du multilatéralisme», concept remis en cause par la nouvelle politique américaine menée par Donald Trump. Pointant du doigt «l’effritement progressif» du «soft power des Etats-Unis», l’intervenant a estimé que le monde a besoin «d’un nouvel ordre économique mondial qui ne serait pas appelé capitalisme, et avec moins d’inégalités économiques et politiques».
«Crise indéniable du multilatéralisme»
De son côté, Rachid El Houdaigui, professeur de relations internationales à l’université Abdelmalek Essaadi et chercheur principal au PCNS, a évoqué la «crise indéniable du multilatéralisme, qui serait peut-être plus une crise de puissance». «Car le monde est désormais multipolaire», a-t-il poursuivi. «L’Alliance Atlantique (l’OTAN) a-t-elle encore de l’avenir dans ce nouveau système mondial ?», s’est-il encore interrogé. Quant à l’Europe, ne gagnerait-elle pas à constituer sa propre défense ? «La seule certitude que nous avons, c’est qu’après 70 ans d’existence, le temps de l’introspection et de la réforme semble être venu pour l’OTAN», a-t-il ajouté, avant de conclure : «Si l’OTAN continue d’exister, c’est à cause de l’absence d’une défense européenne commune.»
Pour sa part, Youssef Mahmoud s’est épanché sur le concept de la paix et de la sécurité comme nouveau paradigme autour des relations dans l’Atlantique. L’ex-représentant spécial pour la Mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad, également consultant spécialiste de l’Afrique et du Moyen-Orient à l’Institut international de la paix (International Peace Institute, IPI), s’est interrogé sur la possible «coexistence entre la paix et la sécurité», rappelant que le rapport du PCNS «revient sur la nature des défis auxquels est confronté le bassin atlantique».
Il a affirmé que le monde a hérité «d’une tradition qui consiste à croire que la paix est l’ordre qui vient après la guerre», qualifiant cette paix de «négative». L’occasion pour lui d’appeler à une «reconceptualisation de la notion de paix». «Toute analyse de la paix et du multilatéralisme devra replacer le citoyen au centre. La paix ne doit pas être le point de départ, mais la finalité, le résultat. Intéressons-nous à ce qui marche et à ce qui rassemble les pays», a-t-il conclu.