Après avoir demandé à plusieurs passionnés marocains de BD s’ils savaient que Tintin avait fait escale au Maroc lors de ses aventures, tous m’ont répondu que non, ils ne savaient pas. Effectivement, c’est dans le neuvième épisode de la saga intitulé le Crabe aux Pinces d’Or que Tintin passe une bonne partie de son enquête au Maroc. Nous sommes dans les années 40, en pleine Seconde Guerre Mondiale. Cet épisode est l’un des plus importants des aventures du jeune homme puisqu’il y rencontre pour la première fois le fameux Capitaine Haddock, un autre personnage clé de la bande dessinée.
Contexte
Le reporter belge enquête sur la mort d’un marin retrouvé noyé dans un port. Il retrouve dans sa poche l'étiquette d’une boîte de conserve comportant le mot «Karaboudjan» qui s’avère être au final le nom d’un bateau. Ce bateau transporte secrètement de l’opium soigneusement caché dans des boîtes de conserve de crabe, placées dans la cale du navire. Le destinataire de cette drogue est Omar Ben Salaad, un trafiquant de drogue marocain installé au Maroc.
Arrivée au Maroc
Un peu plus tard dans l’album, Tintin et le Capitaine Haddock s’échappent du navire à bord d’un canot de sauvetage. Les méchants envoient à leur poursuite un hydravion pour les mitrailler. La situation s’inverse et les fugitifs s’emparent de l’avion. Le mauvais temps s’abat sur l’avion et les trois héros, avec Milou s’écrasent en plein désert qui n’est autre que le Sahara marocain. Après une longue traversée dans le désert, ils sont sauvés par un autre personnage et se dirigent vers les côtes marocaines pour atteindre le port Bagghar, un port totalement fictif. Si on devait savoir où se trouvait ce port sur la carte du Maroc aujourd’hui, ce serait une tâche difficile, explique Laurent Joffrion, réalisateur de documentaires. Il a d’ailleurs réalisé une série de reportages pour Arte en 2010 dans laquelle on redécouvre les péripéties de Tintin en parcourant les pays qu’il a visités. Le Maroc a fait l’objet d’un de ces reportages.
Une fiction bien réelle
En réalité, et chose surprenante, Hergé, le créateur de Tintin est un homme qui a très peu voyagé dans sa vie. «il a crée des lieux fictifs, à partir d’illustrations et de photographie de l’époque, et trouvait son inspiration dans les films. C’est pour cela qu’il ne cite pas de lieu précis dans les épisodes. Dans le Crabe aux Pinces d’Or, on peut imaginer des influences de Tanger et de Casablanca», explique Laurent Joffrion.
Sans même se déplacer au Maroc, Hergé a pu ainsi imaginer à partir d’illustrations et de photos les rues et médinas décrites dans l’album. Par ailleurs, il a pu ainsi dessiner les vêtements portés par les Marocains de cette époque comme par exemple, dans plusieurs vignettes de l’album, Tintin porte une jellaba bleue ou certaines femmes sont habillées de jellabas et de niqabs traditionnels de l’époque.