Poursuivis pour «constitution de bande criminelle dans le cadre d'un projet collectif visant à porter gravement atteinte à l'ordre public, meurtre avec préméditation, détention et fabrication d'explosifs et appartenance à un groupe religieux interdit», les neuf suspects campent sur leurs positions : Ils continuent tous de nier leur implication dans l’affaire de l’attentat terroriste d’Argana qui a secoué la ville de Marrakech le 28 avril dernier.
Les suspects campent sur leurs positions
Cependant, les prévenus reconnaissent tous connaitre Al-Atmani. «Nous nous sommes rencontrés en 2007 en Turquie. Al-Atmani m'a dit qu'il voulait aller en Tchétchénie pour y accomplir le Jihad et moi je suis retourné en Grèce» rapportait hier Mohamed Njim , poursuivi en état de liberté provisoire, devant la chambre criminelle chargée des affaires de terrorisme auprès de la cour d'appel de Salé. Il a également assuré que adil Al-atmani lui avait offert un CD sur le jihad. Hakim Dah, autre prévenu, en a profité pour dénoncer ses conditions de détention. Il raconte sa première entrevue avec Adil Al-Atmani: «J'ai rencontré Al-Atmani en Libye où nous avons fait la connaissance de trois touristes français. Notre groupe de cinq personnes s'est par la suite rendu en Mauritanie». L’imam safiote, Abdessamad el Battar, interrogé par le juge, reconnait avoir effectué «des études islamiques» en Mauritanie, en 2007. Si tous les suspects nient leur implication dans l’attentat, certains admettent leur rapport avec Adil Al-Atmani, alors que celui-ci nie connaitre sept des neuf prévenus.
Coup de théâtre
Le principal suspect continue à proclamer son innocence. Après avoir tout avoué et raconté six fois sa version de l’attentat d’Argana, Adil Al-Atmani s’était rétracté pour la première fois le 18 août dernier. Il avait déclaré alors avoir subi des pressions pour assumer la responsabilité de l’attentat en criant en anglais «I did not do something, I am innocent. […], real criminals are not here» à l’adresse de la délégation judiciaire française. L’assurance qu’Al-Atmani affichait au lendemain de l’attentat semble être retombée. Lors des premiers interrogatoires, le présumé auteur principal aurait dit, d’après une source sécuritaire rapportée par le quotidien arabophone Al Ousboue : « Demandez-moi comment j’ai fait pour commettre l’attentat et non pourquoi j’ai tué ces gens, car ce sont mes convictions personnelles». Au lendemain de l’attentat, le ministère de l’intérieur assurait qu’Adil Al-Atmani exprimait «ouvertement son allégeance pour Al-Qaïda», alors que l’Aqmi niait toute responsabilité dans l’attentat qui a fait dix-sept morts dont huit Français, trois Marocains, un Britannique et un Hollandais.