Les autorités espagnoles ont annoncé ce mardi le renvoi de 55 migrants parmi ceux ayant franchi la double clôture de Melilla, dimanche matin. Ce retour se fait en application de l’accord établi entre le Maroc et l’Espagne en 1992, qui prévoit la réadmission des étrangers, s’en explique le gouvernement autonome de l’enclave. Parmi ceux qui ont été accueillis par la ville, 140 ont demandé l’asile. On compte aussi 10 mineurs, en plus de 10 blessés, dont 5 qui sont actuellement hospitalisés.
Cependant, du côté espagnol, les associations et ONG locales affirment que ce rapatriement exprès bafoue les droits des migrants. En effet, Ignacio Alonso, un des avocats dépêchés par les autorités espagnoles, explique au quotidien espagnol El Pais que «lorsque nous sommes arrivé, la résolution relative à l'expulsion avait déjà été signée par le délégué gouvernemental».
Ces 55 migrants ont été renvoyés au port de Beni Ensar, précise la même source. Une fois au Maroc, les autorités locales ont annoncé qu'elles entameront les procédures pour leur expulsion vers leurs pays d’origine, a indiqué le ministère marocain de l’Intérieur dans un communiqué.
Ils sont actuellement maintenus au commissariat central de Nador, précise à Yabiladi Omar Naji, président de la section de Nador de l’Association marocaine des droits humains (AMDH).
Un problème des deux côtés de la frontière
L’associatif évoque un problème des deux côtés de la frontières car, du côté espagnol, «les identifications n’ont pas pu être bien menées». «En moins de 24h, ils (les migrants, ndlr) se sont retrouvés au Maroc, ce qui n’est pas suffisant pour être à l’écoute de chacun d’entre eux et de prendre en considération leurs demandes», ajoute-t-il.
De plus, Omar Naji estime que l’accord sur lequel se basent l’Espagne et le Maroc «n’était jamais appliqué» et que «ce n’est que récemment qu’on l’a dépoussiéré». L'associatif rappelle qu’à l’époque de son adoption, «cet accord ne concernait que les migrants marocains car en 1992, date à laquelle l’accord a été signé, il n’y avait pas beaucoup de subsahariens qui emprunté cette route».
Contrairement à l’affaire des 20 migrants expulsé depuis Ceuta vers le Maroc en août et parmi lesquels 17 migrants ont été condamnés à deux mois de prison ferme et une amende 500 dirhams, ceux ayant été expulsé ce lundi depuis Melilla n’ont pas été poursuivis par la justice marocaine, précise Omar Naji.
Les autorités marocaines «les maintiennent au commissariat en attendant de contacter les ambassades et les autorités en charge». De ce fait, leurs dossiers ne seront pas traités judiciairement mais administrativement, poursuit notre interlocuteur. Cependant, cette pratique serait illégale aux yeux de l’associatif. «On ne procure pas les garanties légales au migrant et on ne prend pas en considération ses demandes», conclut-il.