Lorsqu’on parle de production de blé, il existe deux familles de blés : le blé tendre (appelé aussi froment) et le blé dur. Le blé tendre sert à faire le pain alors que le blé dur, quant à lui sert à fabriquer les pâtes alimentaires et la semoule. Au royaume, l’élément de base de l’alimentation reste le pain. Dans un rapport de l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture publié en 2007, on y apprenait que les céréales représentaient 60% de l’apport énergétique alimentaire des Marocains contre par exemple 23% pour les français ou 49% en Tunisie.
Pas de pluie, pas de pain
Malheureusement, le Maroc ne produit pas assez de blé pour satisfaire sa consommation personnelle et cela pour deux raisons. La première est que sa surface agricole globale est limitée. Elle représente 95 000 km2 soit 13,5% du territoire. Seconde et principale raison : la production céréalière marocaine reste très dépendante des conditions et des aléas climatiques. Le blé est une céréale qui a besoin de beaucoup d’eau pour pousser,le manque de pluies compromet ainsi la campagne céréalière marocaine. Conséquence : les volumes de production peuvent varier du simple au triple d'une année à une autre ou pire encore, face à une éventuelle montée des prix du blé à l’international, le Maroc peut faire face à des émeutes de faim comme cela a été le cas en 2008. Des émeutes liées à la hausse exorbitante du prix des produits alimentaires de base. Ainsi, pour maintenir les prix de la farine au même niveau et garantir un approvisionnement régulier, le Maroc n’a pas hésité à suspendre l’année dernière les droits d’importation sur le blé tendre.
Un pain marocain à base de blé français
Ainsi pour satisfaire sa consommation, le Maroc doit importer chaque année du blé de l’étranger. Et c’est vers la France que les Marocains se tournent principalement. Ce n’est pas surprenant, l’hexagone est le premier partenaire économique du royaume. La France est le premier fournisseur industriel du Maroc avec 15% de part de marché. Elle est aussi son premier client puisqu’elle absorbe 25% des exportations marocaines en achetant ses produits agricoles et agro-alimentaires, produits de la pêche, textile et habillement.
Pour ce qui est du blé, la France est l’un des plus gros fournisseurs au monde. Elle a exporté pour la campagne 2010-2011 près de 20 millions de tonnes dans le monde. Le Maroc à lui seul, en a importé 2 millions de tonnes. Ce qui fait de lui l’un des clients les plus importants pour les Français. Pour éviter que le Maroc n’aille voir ailleurs, des évènements sont organisés chaque année au Maroc pour faire la promotion du blé français et fidéliser les Marocains. Le dernier évènement en date sont les Rencontres 2011 franco–marocaines des céréales qui ont eu lieu lundi dernier à Casablanca. Des représentants des sociétés françaises d'exportation des céréales et des équipementiers spécialisés en stockage de blé ont fait spécialement le déplacement.
La France n'est pas à l'abri
On l’a bien compris; acheter du blé français permet aux Marocains de mieux vendre ses fruits et légumes sur le marché français. Tout le monde y trouve son compte ou presque. Cependant est-ce une si bonne idée pour le Maroc d’acheter de grosses quantités de blé chez les Français ? Pas si sûr. La production céréalière française dépend elle aussi des conditions climatiques. Au printemps dernier, les agriculteurs français ont frôlé le pire. Les pluies ont tardé à venir et les champs de blé s’asséchaient. Qui dit sécheresse, dit aussi perspective d’une nouvelle hausse des prix des céréales. Ce qui pourrait avoir des conséquences dramatiques pour le Maroc qui ne pourrait pas s’approvisionner correctement et qui risquerait de sombrer une nouvelle fois dans des manifestations de la faim. Mais heureusement pour le Maroc, la situation en France a été plutôt honorable. Même si elle a perdu 6% de sa production de blé, les pluies de juin et de juillet dernier ont sauvé la mise.