Assigné à résidence depuis deux semaines pour être soupçonné d’arranger des mariages blancs afin d’obtenir des titres de séjour à des migrants, le maire de Riace, Domenico Lucano, est désormais libre de ses gestes. Mais en contrepartie, il devra rester loin de son village, située dans la région calabraise.
Accueilli triomphalement à la sortie de son domicile hier dans l’après-midi, il a pris connaissance du verdict rendu à son encontre en soirée. Son assignation est annulée à condition qu’il quitte Riace, rapporte Il Corriere della Sera. «C’est une persécution», a-t-il déclaré, rendant le gouvernement responsable de cette situation. Aujourd’hui à l’aube, ce sympathisant communiste que tous appellent Mimmo a ainsi pris la route pour vivre loin de ce village dont il est maire depuis 2004.
«Dire que quelques heures plus tôt, j’étais déjà en train de réfléchir à ce qu’il fallait faire si je retrouvais ma totale liberté, après 14 jours d’assignation à résidence», regrette-t-il. Domenico Lucano considère qu’à travers son éloignement, c’est le modèle d’intégration de Riace qui est visé par Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur issu de l’extrême droite (Ligue). De son côté, le président démocrate de Calabre, Mario Oliverio, a précédemment évoqué une «volonté politique d’étouffer le modèle Riace, qui contredit la ligne xénophobe de l’exécutif».
Avant même son élection en tant que maire, le député de gauche avait choisi de ne plus réclamer de fonds public et de redonner vie à Riace grâce à un principe d’auto-gestion économique. Pour ce faire, Mimmo Lucano avait grandement capitalisé sur la migration, en favorisant depuis les années 1990 un accueil spontané de ressortissants kurdes et en réactivant l’économie locale. «Riace n’a pas d’œuvres d’art à montrer aux visiteurs, mais a un travail immatériel qui est là pour bénéficier à tous», soutient-il.