Non loin de la ville de Taza, un havre de paix constitue le refuge de milliers d’espèces aquatiques et terrestres. Le barrage ou lac de Bab Louta se trouve à quelques kilomètres du Parc national de Tazekka. Pour les amoureux de la nature de passage dans la région, cet endroit unique en son genre est incontournable.
Au milieu des chaînes du Moyen Atlas et de la nature verdoyante, se cache ainsi le lac de Bab Louta. Son emplacement géographique et la richesse de sa faune et de sa flore fait de lui un petit paradis pour les êtres qui y élisent domicile ou s’y reproduisent. L’ornithologue et professeur de l’université Moulay Ismaïl de Meknes, Sidi Imad Cherkaoui, nous parle en effet d’une «richesse naturelle qui abrite plusieurs espèces, dont la présence est quasi permanente tout au long de l’année».
Un joyau naturel
«Le barage de Bab louta est ce qu’on pourrait appeler une zone de nid artificiel, car il se trouve sur une voie de migration ; d’ailleurs tout le Maroc se trouve sur la voie est-Atlantique», précise Sidi Imad Cherkaoui, indiquant que tous ces éléments font de cette zone l’une des voies migratoires les plus importantes dans le monde.
Les canards font de Bab Louta un havre de paix / Ph. DR.
Des milliers, voire des millions d’espèces migrent là-bas depuis le Nord. Le lieu témoigne également du passage de nombreuses espèces de l’arctique et de l’Eurasie du nord, qui transitent vers le sud où elles passent l’hiver. Au Maroc, la zone du détroit - et donc tout le «tangérois» - est considérée comme une zone de passage très importante. Le barrage de Bab Louta s’y trouve, ce qui explique notamment la présence quasi-permanente des oiseaux aquatiques.
La région se distingue par la présence annuelle de plusieurs espèces, nous explique le professeur Sidi Imad Cherkaoui. Parmis les plus présents, on retrouve le canard souchet, le canard siffleur, le foulque à crête, une douzaine d’espèces de limicoles et la sarcelle d’été et d’hiver, entre autres. D’ailleurs, en parlant de saison, la meilleure période où il est possible d’observer plusieurs espèces est la saison automnale ou encore la saison postnuptiale, qui vient après la reproduction des oiseaux au Nord, ainsi que la période printanière.
Bab Louta est notamment connu pour ses carpes / Ph. DR.
Pêche sportive
Les plus sportifs seront gâtés par l’une des activités les plus répandues dans la région. En effet, tout au long de l’année la région voit l’arrivée de passionnés de pêche sportive. Pour cause, la lac est connu pour abriter de nombreuses espèces aquatiques. On apprécie notamment l’abondance de carpes et des achigans à grande bouche, communément appelés «black-bass». Si cette activité demande plus de dextérité, les guides locaux partagent volontier les meilleures techniques.
Sur place, il est conseillé d’apporter son propre matériel. Les cannes à lancer, les moulinets, les leurres ainsi que des vêtements adaptés. Au delà de la patience dont il faudra s’armer une fois sur place, il est primordial de consulter à l’avance la météo et de s’y rendre à des heures précises. En temps nuageux, sachez qu’une pluie légère peut être votre alliée. Cependant, lorsque le temps est plus agité, il vaut mieux attendre que le ciel se dégage pour mieux en profiter.
Les heures à privilégier sont non seulement liées à la météo mais aussi à la saison. En automne, il est recommandé de s’y rendre en fin d’après-midi. En été, il faudra éviter les heures les plus chaudes de la journée et au printemps, les poissons sont plus susceptibles de mordre à l’hameçon. Le meilleur moment serait le coucher du soleil, où vous pourrez également profiter du paysage.
Un deuxième Bin El Ouidane
Cette région regorgeant d’activités, le lac de Bab Louta devrait être inclus à votre périple au nord-est du royaume. Si quelques guides en tiennent compte dans les road trips qu’ils proposent, le lac n’a que très peu bénéficié de promotion au niveau national. Alors que Bab Louta n’a rien à envier à Bin El Ouidane, il est malheureusement moins célèbre que ce dernier.
Un constat également dressé par l’ornithologue Sidi Imad Cherkaoui, qui déplore le manque d’initiatives dans ce sens. Il nous explique que si Bin El Ouidane s’est rapidement fait connaître, c’est grâce notamment au «nombreux projets de promotion d’éco-tourisme dont il a fait l’objet». «Le barrage de Bab Louta n’est pas plus pauvre, c’est juste que dans que sa région, il n’y a pas eu d’initiatives du genre», ajoute le spécialiste.
Le professeur lance ainsi un appel, pour que ce lac soit inclus dans les initiatives de mise en valeur des richesses naturelles du Moyen Atlas, où peu de zones humides comme celle-ci existent. Plus qu’un simple barrage et un bijou environnemental de la région, l’existence de Bab Louta est primordiale pour la région qui a connu une évolution démographique exponentielle, ces dernières années. Couplée aux années de sécheresse successives, cette évolution rend sa préservation encore plus essentielle.