Le rapport qui va être remis au président français Emmanuel Macron parviendra-t-il à faire émerger un islam de France plus encadré ? Dirigé par Hakim El Karoui, un intellectuel spécialiste de l’histoire de l’islam pour l’Institut Montaigne, ce rapport d’une centaine de pages propose plusieurs mesures pour réorganiser le deuxième culte de l’Hexagone, selon Europe 1.
Il intervient deux mois après qu’Emmanuel Macron a annoncé, en juillet dernier, «un cadre et des règles» mis en place «dès l’automne» et «garantissant qu’il s’exercera partout de manière conforme aux lois de la République», lors de son allocution aux parlementaires réunis en Congrès à Versailles.
En premier lieu, le document aborde l’épineux dossier du financement de l’islam. Hakim El Karoui propose de mettre en place une tour de contrôle des flux financiers et des dons, à l’image d’un «Tracfin islamique». Le Tracfin, pour «Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins», en référence à un organisme rattaché au ministère de l’Economie et des finances, chargé de la lutte contre la fraude, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Cette structure rejoindrait ainsi la future Association pour le financement et le soutien du culte musulman (AFSCM), voulue par les grandes fédérations de mosquées et lancée début juillet.
La taxe halal, épicentre de toutes les crispations
Le rapport de Hakim El Karoui recommande également de renforcer le contrôle et la régulation du circuit nébuleux des voyagistes qui organisent les pèlerinages à La Mecque. Si le consulat d’Arabie saoudite en France publie chaque année une liste officielle d’une quarantaine d’agences de voyages françaises agréées, la réalité est bien différente. Des structures se présentent en effet comme des membres de cette liste, alors qu’elles agissent comme des sous-traitants non contrôlés par le consulat.
Enfin, et c’est là où des tensions risquent d’émerger, d’après Europe 1 : la taxe sur le halal, qui serait collectée par un nouvel organisme. L’instauration de cette taxe serait menée par une institution nouvelle chargée d’organiser et de financer le culte musulman : l’Association musulmane pour l’islam de France (AMIF). Le conseil d’administration serait composé de «figures exemplaires, sans conflits d’intérêts», répartis en plusieurs collèges (gestionnaires de mosquées et aumôniers, entrepreneurs, spécialistes du halal et du pèlerinage, imams, acteurs associatifs), sans «exclure des personnalités proches de l’UOIF» (Union des organisations islamiques de France, branche française des Frères musulmans).
Dans son rapport, Hakim El Karoui ne manque pourtant pas de pointer du doigt les faiblesses de cette association, branche française des Frères musulmans, qu’il décrit comme «en perte de vitesse, enfermée dans des rigidités idéologiques avec comme seul message, un discours victimaire».