La déléguée du gouvernement espagnol à Ceuta, Salvadora Mateos, a assuré mardi 28 août que les étrangers qui entrent sur le territoire espagnol «de façon violente» seront renvoyés vers le Maroc, à l’instar des 116 migrants qui l’ont été le 22 août dernier, rapporte l’agence Europa Press. «Oui, nous pensons que cela va se poursuivre ainsi. Ceux qui entreront violemment [sur le territoire espagnol] seront soumis au même traitement», a-t-elle déclaré à la presse.
«Nous ferons en sorte qu’aucun malheur à la frontière n’arrive, ni à la Garde civile ni aux forces de sécurité marocaines, qui travaillent et remplissent leurs obligations», a-t-elle affirmé au lendemain de l’arrestation, par la police espagnole, de dix Subsahariens du Centre de séjour temporaire pour migrants (CETI) de Ceuta, accusés par les autorités ibériques d’avoir agressé des agents. Tous font partie du groupe des 600 migrants qui avait pénétré, le 26 juillet dernier, dans l’enclave espagnole. Ils avaient notamment lancé de la chaux, de l’acide et des excréments sur les membres de la Garde civile chargés du contrôle de la frontière, blessant 22 d’entre eux.
Superviser au cas par cas
Une annonce qui intervient alors que le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, prépare un plan pour réguler l’immigration clandestine. Ce dernier sera axé sur les «accords de retour» pour les «sans-papiers», ainsi que l’ont confirmé des sources de l’exécutif au site d’information Okdiario. L’objectif du gouvernement est d’éliminer les obstacles qui se heurtent au retour, dans leur pays d’origine, des migrants en provenance d’Afrique entrés illégalement en Espagne.
Okdiario rappelle qu’il existe bien un accord bilatéral de réadmission des migrants en situation administrative irrégulière entre le Maroc et l’Espagne, signé en 1992. Il aura toutefois fallu attendre 2012 pour que le texte entre en vigueur, en raison des difficultés techniques rencontrées pour en respecter les clauses, conditionnant ainsi l’efficacité des retours au consensus entre les deux pays. En d’autres termes, pour que les opérations de retour au Maroc se concrétisent, les deux royaumes doivent se mettre d’accord et, jusqu’à ce jour, de nombreuses demandes émanant des autorités espagnoles ont été mises en attente, faute de l’approbation de leurs homologues marocaines.
C’est justement cette faille que l’exécutif de Pedro Sánchez souhaite combler, afin de faciliter et de rationaliser les procédures bureaucratiques requises pour ce type de démarches. Le gouvernement préconise que les formalités soient individualisées et qu’elles incluent une assistance juridique.
Pas sûr pourtant que la société civile voit d’un bon œil ce projet. Vendredi 24 août, une cinquantaine d’associations sont montées au créneau contre les expulsions de migrants de l’Espagne vers le Maroc. Dans un manifeste publié par le portail de l’Eglise catholique de Málaga, elles ont dénoncé «la fuite en avant que représentent ces retours à chaud, non seulement pour ne pas respecter les garanties légales requises, mais aussi pour faire un pas de plus en matière de politique d’externalisation des contrôles, qui ont d’importants coûts sur les droits de l’homme».
Avec plus de 22 000 migrants arrivés durant les sept premiers mois de l’année – soit trois fois plus qu’il y a un an –, et alors que les autres routes migratoires ont été réduites, l’Espagne est devenue la principale voie d’accès des migrants en Europe, a indiqué début août Le Monde. Des chiffres qui restent toutefois bien inférieurs à ceux des arrivées massives de 2015 en Grèce, quand plus de 800 000 migrants ont débarqué sur ses côtes, ou de 2016 en Italie, quand ils étaient plus de 180 000.