Si l’information a fait plus d’un heureux au Maroc, elle a été perçue bien différemment en Espagne. Voilà plus de deux semaines que les aficionados du football espagnol au Maroc ont appris que la finale de la Supercoupe aurait probablement lieu à Tanger. En match unique, le rendez-vous opposera le vainqueur du Championnat d’Espagne au finaliste de la Coupe d’Espagne, respectivement le FC Barcelone et le FC Séville.
La Fédération royale espagnole de football (RFEF) avait proposé la ville de Tanger, pour être en terrain neutre «vu les conditions climatiques optimales, pour ainsi éviter la chaleur extrême». Outre, les conditions climatiques, l’argument de taille qu’a sorti la fédération espagnole est lié aux bénéfices plus élevés si le match a lieu au Maroc.
Une proposition aussitôt refusée par le club andalou, qui insistait sur le fait que le tournoi se fasse via deux matchs aller-retour en Espagne. Des adhérents du club avaient même annoncé qu’ils boycotteraient la Supercoupe, au cas où elle se jouerait à Tanger.
Mais cette piste se concrétise de plus en plus, à rebours du FC Séville qui s'est toujours opposé. Cependant, il ne renoncera pas au titre et se rendra au Maroc s’il est dans l’obligation de le faire, affirme à Yabiladi le service de presse du club andalou.
Quelques heures plus tard dans la journée, le président de la fédération espagnole, Luis Rubiales, a finalement affirmé que la Supercoupe se tiendrait à Tanger, «parce que la fédération marocaine l’a demandé». De plus, selon le président, «la ville est proche, ce qui profitera aux fans, peut-être même plus à ceux du FC Séville». Par ailleurs, il explique qu’il y a «des problèmes bureaucratiques qui seront résolus dans les prochains jours».
Arryadia se fait épingler par les médias espagnols
Alors que le débat se poursuivait en Espagne, la chaîne de télévision sportive marocaine Arryadia annonçait pour sa part que le match aurait bel et bien lieu le 12 aout à 21h. Elle s’est attiré ainsi les foudres des plusieurs médias espagnols spécialisés. Mundo Deportivo écrivait le 17 juillet : «Au Maroc, on décide de l’heure de la Supercoupe (…) chose que ni la Fédération ni les clubs n’ont annoncée.»
Spanish Supercup final, @FCBarcelona vs. @SevillaFC_ENG in #Tangier on Sunday August 12 at 21:00 (20:00GMT)@FRMFOFFICIEL #Morocco #SuperCopa2018 @LaLigaEN pic.twitter.com/sq8JJtEMME
— Arryadia TV officiel (@arryadiatv) 16 juillet 2018
Même si la Fédération espagnole avait effectivement annoncé que le match était bien prévu pour le 12 aout à 22h (heure de Madrid), cette date devait encore encore être approuvée par la FIFA, avant que le rendez-vous ne soit enfin officialisé.
Par ailleurs, il semble que la chaîne marocaine pourrait avoir le monopole de la retransmission. Dans ce sens, El Espanol a affirmé jeudi qu’«aucun opérateur n’avait présenté d’offre pour le match opposant l’équipe de Séville à celle de Barcelone», sachant que le dernier délai pour le dépôt du dossier est ce vendredi 20 juillet.
Pourquoi pas Tanger ?
Le cœur de la polémique est dans le lieu de la rencontre. Ce choix divise littéralement les Espagnols. D’un côté, certains ne comprennent pas pourquoi un tournoi national doit de faire dans un pays tiers, au moment où d’autres considèrent que ce choix est totalement justifié.
Dans une tribune publiée sur le site Iusport, l’ancien secretaire général de la Fédération espagnole de football, Jorge Pérez Arias, se pose la question de manière rhétorique : «Pourquoi pas Tanger ?». La réponse à une dimension historique : José Luis Núñez, père fondateur de la Supercoupe, a créé cette initiative essentiellement pour «augmenter le revenu des clubs». Lui-même né dans le nord du Maroc, plus précisément Tétouan, Jorge Pérez Arias soutient que «Tanger est un endroit idéal pour organiser un match de cette catégorie».
Outre les avantages de la proximité et du fuseau horaire, l'homme affirme que la ville «fait partie d’un pays frère, avec lequel nous avons des liens étroits et une grande histoire commune». Et d’enchaîner par un véritable plaidoyer :
«Ses supporters adorent La Ligua et ses dirigeants se sont engagés, depuis des années, à organiser une Coupe du monde de football. Le pays a le mérite de lutter pour s’améliorer sur le plan socio-économique. Son importance stratégique et géopolitique mondiale est indéniable.»
Il est également à rappeler que la ville du détroit a déjà accueilli des évènements de cette envergure, comme le Trophée des Champions en 2017, qui a opposée le Paris Saint-Germain à l’AS Monaco (2-1).