Madrid entend se faire l’avocat des intérêts de Rabat auprès des Vingt-huit. Le gouvernement Rajoy œuvre pour que les relations entre le Maroc et l’Union européenne soient inscrites dans «un cadre privilégié», a promis, hier à Rabat, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Alfonso Dastis.
Le royaume est «un partenaire fondamental» pour l’UE, a-t-il souligné lors d’un point de presse animé conjointement avec son homologue marocain, Nasser Bourita. Prenant très au sérieux sa mission, Dastis a affirmé que «le Maroc sait qu’il peut compter sur l’Espagne, comme partenaire et ami, en vue de l’aider» à atteindre cet objectif, rapporte l’agence Efe.
Des propos à même de rassurer la partie marocaine, d’autant qu’elle est engagée sur deux fronts de négociations avec l’UE : le premier porte sur le renouvellement de l’accord de pêche de 2014, qui arrivera à échéance le 14 juillet prochain, et le deuxième sur l’élargissement de l’accord agricole. Deux processus qui butent sur les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de 2016 et 2018, excluant les produits du Sahara occidental.
Bourita sollicite une aide de l’UE pour l’opération de régularisation des migrants
Cette main tendue de l’exécutif Rajoy n’est nullement désintéressée. Madrid a en effet grandement besoin de la coopération du Maroc en matière de lutte contre les filières terroristes islamistes, très actives en Espagne. En témoigne les opérations menées conjointement entre les services de renseignement des deux pays, dont la dernière en date remonte au 8 mai. Elle a permis l’arrestation de cinq membres présumés de Daesh, trois à Fnideq et deux à Bilbao et Murcie.
La pêche est un autre secteur qui intéresse hautement les Espagnols. Les nouvelles en provenance de Bruxelles ne sont pas rassurantes pour les professionnels. La Commission européenne prévoit de baisser de 260 millions d’euros les fonds destinés à cette activité entre 2017 et 2021. A cela s’ajoute notamment le problème de réduction des quotas de pêche de la sardine dans le golfe de Cadix. Autant de contraintes qui expliquent en partie les raisons de cette main tendue.
Pour sa part, Nasser Bourita a exposé devant Alfonso Dastis les deux opérations de régularisation de migrants au Maroc. Le chef de la diplomatie a souhaité une «forte implication» de l’UE «dans le processus d’intégration [des migrants déjà régularisés au Maroc] qui est coûteux et nécessite une vision à long terme. Et cela nécessite un partenaire fiable».
La balle est désormais dans le camp des Espagnols pour plaider les revendications du Maroc.