Bien malheureuse celle qui porterait le voile en France en ces temps. L’interview sur M6 au «19.45» de Maryam Pougetoux, présidente – voilée – du syndicat d’étudiants à l’université Paris-IV, a suscité un tollé sur les réseaux sociaux, rapporte Le Monde.
A l’origine de la polémique, Laurent Bouvet, cofondateur du «Printemps républicain», un mouvement de défense de la laïcité coutumier des controverses sur Twitter. Ce professeur de théorie politique à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines a publié une capture d’écran de l’interview de la jeune femme. «A l’UNEF, la convergence des luttes est bien entamée. C’est la présidente du syndicat à l’université Paris-Sorbonne qui le dit», commente-t-il.
Capture d'écran.
Peu après, l’essayiste Céline Pina, cofondatrice du mouvement «Vivre la République» (dans la même veine que le «Printemps républicain»), lui embraye le pas en reprenant l’image et en dénonçant sur Facebook «l’infiltration et le noyautage du syndicalisme étudiant» par les Frères musulmans.
«En tant que membre fondateur de l’UNEF… la direction du syndicat qui accepte cette jeune dame comme dirigeante souille tout notre combat mené dans les universités… bien des membres de l’UNEF doivent être effarés…», abonde Julien Dray, conseiller régional socialiste et cofondateur de SOS-Racisme en 1984.
Dans l’autre camp, des voix divergentes s’élèvent, dénonçant «islamophobie» et «racisme». La militante anti-raciste Rokhaya Diallo, qui avait elle aussi été dans l’œil du cyclone, n’hésite pas à défendre la jeune femme.
Après Mennel, Yassine Belattar Mohamed Saou ou moi, la chasse aux musulman.e.s (présumé.e.s) qui ont l’outrecuidance de se rendre visibles, orchestrée par le @printempsrepub se poursuit. Le but: nous expulser de la sphère publique. Mais on est là, chez nous. #SoutienAMaryam pic.twitter.com/K0tU3uaXEC
— Rokhaya Diallo (@RokhayaDiallo) 13 mai 2018
De son côté, l’UNEF-Sorbonne Université a finalement dû réagir, dimanche, par communiqué de presse. Le syndicat a fustigé les «appels à la haine sur les réseaux sociaux» de la part de «personnalités politiques et publiques» : «Parmi les appeleurs à la haine, Laurent Bouvet. (…) Derrière son supposé débat sur la laïcité excluante, se cache une islamophobie décomplexée.»
CP de UNEF Sorbonne Université:#SoutienAMaryam, la présidente de @unefparis4, victime d’un harcèlement sur les réseaux sociaux.
— UNEF (@UNEF) 13 mai 2018
Nous condamnons fermement le déferlement de haine raciste, sexiste et islamophobe dont Maryam est victime.
L'@UNEF soutient Maryam contre ces attaques! pic.twitter.com/RMuzoZdX9C