Rached Ghannouchi aurait proposé sa médiation entre le Maroc et l'Algérie. Le chef d'Ennahda aurait contacté, à cet effet, Saâd-Eddine El Othmani et Ahmed Ouyahia, indique cet après-midi Middle East Eye qui cite une "source au sein du ministère algérien des Affaires étrangères".
Le Tunisien aurait promis au Premier ministre algérien d’intervenir "auprès de personnalités marocaines influentes" avec l'objectif déclaré de "freiner la dégradation des relations entre l’Algérie et le Maroc", ajoute la même source.
Ouyahia aurait rejeté l'offre et El Othmani dément toute communication avec Ghannouchi
La publication en ligne explique que le chef du gouvernement du voisin de l'Est aurait décliné l'offre du leader islamiste, arguant qu'il ne voyait pas "la nécessité d’une quelconque médiation". "C'est au Maroc de cesser sa campagne médiatique ciblant l’Algérie", aurait-il répondu à Ghannouchi
Les Algériens ne manifestent pas d'enthousiasme à l'initiative de Ghannouchi. "Cette proposition a peu de chances d’aboutir (...) car la décision concernant la crise actuelle entre Rabat et Alger dépend complètement du Palais royal", souligne la source de Middle East Eye.
Contacté par MEY, le chef du gouvernement marocain, Saâd-Eddine El Othmani, a démenti avoir eu une communication avec le Tunisien sur ce sujet. Par le passé, l'Algérie a rejeté des médiations de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis.
Des interrogations...
Cette nouvelle n'est pas sans soulever des interrogations. D'abord sur son timing. Pourquoi maintenant alors que la détérioration des relations maroco-algériennes ne constitue pas une surprise pour le Tunisien ? Ensuite, Rached Ghannouchi est parfaitement au courant des véritables tenants du pouvoir dans les deux pays.
L'islamiste est, d'ailleurs, très proche d'Abdelaziz Bouteflika. En témoigne ses rencontres avec le président en 2013, 2014, 2016 et 2017. A Alger, Ghannouchi est reçu à chacune de ses visites avec les honneurs réservés à un chef d'Etat.
Fort de cette proximité, le Tunisien aurait offert directement sa médiation dans la crise entre le Maroc et l'Algérie au chef de l'Etat et non pas à son Premier ministre. Ahmed Ouyahia n'a, d'ailleurs, aucun rôle dans l'élaboration de la politique étrangère de son pays, un domaine réservé à la présidence et aux services secrets. Il en est d'ailleurs de même pour Saâd-Eddine El Othmani du côté marocain.