Ce vendredi 4 mai, s’est tenu le colloque international «Le Maroc entre l’Afrique et l’Europe. Les nouveaux enjeux», à l’Université internationale de Rabat (UIR). L’événement a réuni des chercheurs et des experts sur les questions sécuritaires, religieuses et migratoires en Afrique Occidentale et le Sahel. L’objectif de ce colloque étant de réfléchir et de discuter ces trois volets dont le Maroc, depuis son adhésion à l’Union Africaine, joue un rôle clé.
Le directeur de Sciences-Po Rabat, explique pour Yabiladi l’importance de cette rencontre, car «nous avons un intérêt sur cette question, et cette conférence est faite pour démontrer la place qu’occupe le Maroc en Afrique et également dans la relation de l’Afrique avec l’Europe».
Tout au long de la journée les chercheurs et représentants d’organisme nationaux et internationaux ont alimenté le débat sur la question migratoire ainsi que sur les problèmes sécuritaires.
Le renouvèlement et l'apport des politiques migratoires en Afrique
La question migratoire ainsi que les politiques entreprises dans chaque pays étaient à l'ordre du jour. Le sociologue Mehdi Alioua y voit un problème au sein des Etats africains quant au non-respect des droits de l'Homme. Car comme il affirme, «le danger est qu'une loi répressive entraine encore plus de violence contre les individus».
Dans ce sens le chercheur précise que le Royaume a pris une autre voie, en décidant «de changer radicalement de politique migratoire et de permettre à la société civile de faire de contre pouvoir, grâce aux associations».
Par ailleurs et toujours en abordant la question du rôle du continent africain, Sophie Bava, anthropologue et chercheure à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), soulève la question de l'héritage d'un processus lié à la politique migratoire en Afrique.
Celle qui a notamment travaillé sur le rôle des institutions religieuses et d’origine confessionnelle sur les routes de la migration africaine en Egypte, au Maroc et en Algérie, y voit un problème de rapports de dominants/dominés.
De nos jours la problématique migratoire est internationale et elle doit être abordée et alimentée par toutes les parties prenantes, les Etats africains y compris.
La politique de sécurité religieuse du Maroc
Lors de ce colloque, les questions sécuritaires étaient également au menu. Dans le cas du Sahel, les problèmes de sécurité se sont posés de manière spectaculaire avec la prolifération des groupes armés de différentes natures (djihadistes et sécessionnistes) et des groupes attachés à des organisations du crime organisé.
Cette situation d’insécurité a créé une mobilité des réfugiés et migrants dans la région sahelo-saharienne. Également, la montée du radicalisme notamment lié à l’Islam qui érode toute possibilité de cohabitation inter-religieuse et inter-tribale et qui empêche de créer un espace de stabilité et de paix.
Dans ce contexte, explique les chercheurs, il est primordial de réfléchir sur une nouvelle diplomatie religieuse capable de faire face aux défis d’aujourd’hui et de demain.
Lors de ce colloque, Yousra Abourabi, docteure en sciences politiques a présenté son étude sur la politique de sécurité religieuse du Maroc, en interrogeant sa dimension en tant que nouvelle doctrine stratégique du Maroc en Afrique.
Le premier volet de cette étude est celui de l'approche militaire mais dans des missions non combattantes, explique la chercheuse à Yabiladi. Le deuxième volet c'est celui lié à la coopération Sud-Sud et aux aides au développement. Enfin, le troisième est lié à la diplomatie religieuse illustrée par la formation des imams ou encore au soutien aux confréries soufies.
Qu’est-ce que le retour volontaire des migrants ?
Un autre point soulevé lors de cette rencontre c'est celui du retour volontaire des migrants, qu'explique Ana Fonesca, chef de mission de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) à Rabat.
Dans le processus de migration, le retour d’une personne à son pays natal fait lui aussi partie inhérente de ce parcours. La chef de mission de l'OIM, spécialiste dans les domaines de la gestion de la migration, la migration de retour et de réinsertion, précise tout d’abord que le «le retour volontaire des migrants fait parti du cycle migratoire».