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Interview

Plan Maroc Vert : «Nous accordons 3 MMDH par an de subventions» [Interview]

Le Fonds de Développement Agricole est, avec l’Agence de Développement Agricole, le bras financier du Plan Maroc Vert (PMV) lancé il y a dix ans. Selon Tawfik El Achchabi, chef de Division à la Direction financière du ministère de tutelle, 24 MMDH ont financé en partie et depuis 2008, via le «guichet unique», les projets agricoles correspondant aux objectifs du PMV.

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Ph. DR.
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Le ministre de l’Agriculture a annoncé, pendant les Assises de l’agriculture, que 105 milliards de dirhams avaient été investis dans l’agriculture avec le lancement du PMV depuis 2008. Pourtant, d’autres chiffres officiels indiquent que le projet aurait bénéficié jusqu’en 2016 de 28 milliards de dirhams levés auprès de bailleurs internationaux et de 7,17 milliards de dirhams issus des fonds propres de l’Etat. Quel est le montant exact des subventions accordées au total par le PMV ?

En 2008 et 2009, le Fonds de Développement Agricole géré par la Direction Financière du ministère de l’Agriculture a accordé annuellement un peu moins d’un milliard de dirhams. Les années d’après, nous sommes montés à trois milliards de dirhams de subventions annuelles. En 2017, celles-ci ont atteint exactement 3,6 milliards. Au total et jusqu’à fin 2017, nous avons donc accordé environ 24 milliards de dirhams de subvention aux agriculteurs.

Je ne sais pas sur quelles données statistiques le ministre s’est basé pour avancer le chiffres de 105 milliards de dirhams en début de semaine, mais il faut garder à l’esprit que l’investissement public mené dans le cadre du Plan Maroc Vert ne se limite pas aux subventions. Les investissements générés par le Plan Maroc Vert ne se limitent pas non plus aux investissements publics.

Ainsi, nous avons calculé que l’effet levier direct de nos subventions se monte en moyenne à 2,4 ou 2,5 dirhams privés. La subvention de l’Etat ne représente qu’une partie du coût total du projet d’un agriculteur. En d’autres termes, elle n’est qu’une aide à la réduction du coût de l’investissement pour inciter l’agriculteur à investir. Mais la majeure partie de la dépense, c’est ce dernier qui la fait. D’ailleurs, l’effet levier de la subvention est bien supérieur car sur un projet, nous ne subventionnons pas tout. Par exemple, l’acquisition du terrain, le raccordement au réseau électrique, nécessaire aux projets que nous subventionnons, sont à la seule charge des agriculteurs.

Le chiffre du ministre rassemble peut être toute l’action directe du ministère - irrigation, projet pilier II - qui ne relève pas des subventions. Dans un projet d’extension de l’irrigation en aval d’un barrage, l’Etat prend par exemple en charge les adducteurs seulement, l’aménagement du périmètre, les pistes. C’est uniquement à l’échelle de la parcelle que le Fonds de développement agricole entre en scène.

Comment les subventions publiques se distribuent-elles entre le Pilier I, destiné à une agriculture moderne à forte productivité, et le Piler II, tourné vers la petite agriculture de subsistance ?

Tout le FDA est destiné au Pilier I. Mais cela ne signifie pas que toutes les subventions sont destinées aux grands agriculteurs. Nous n’avons pas de limite inférieure sur le montant des subventions ou des projets d’investissement des agriculteurs. En revanche, contrairement aux projets du Piler II, nous ne prenons pas en charge la totalité du projet. En 2017, 80% des dossiers de demandes de subvention déposés auprès du FDA concernent des petites exploitations de moins de 10 hectares. Celles-ci ont bénéficié de 70% des 3 milliards de subvention totales annuelles. La tendance est en train de s’inverser car en 2010, cette part se situait entre 50 et 60%.

Comme chaque année, nous touchons une nouvelle catégorie de la population. On peut dire que les grands agriculteurs ont investi au début et qu’à présent, c’est au tour des petits de solliciter des subventions. Il y a également une meilleure communication. L’accès aux aides se fait plus simplement. Il est «plus démocratique». Ainsi, la part des petits dans les subventions augmente et elle rejoint peu à peu leur représentation réelle à l’échelle nationale.

A quoi sont principalement destinées ces subventions ?

L’irrigation se taille la part du lion avec près de 50% des subventions totales. Ensuite, le machinisme agricole - matériel et équipement (serres, filets anti-grêle) représente presque la même proportion. L’amélioration génétique, les semences certifiées, les cotisations à l’assurance agricole, la plantation, les unités de valorisation, la commercialisation, les analyses de laboratoires viennent ensuite.

Toutes ces subventions répondent à des objectifs et quand ils seront atteints, on réallouera les subventions vers d’autres domaines en attente. Nous avons presque atteint nos objectifs en termes d’extension de l’irrigation en goutte-à-goutte, mais il reste encore beaucoup de tout petits agriculteurs et la partie de reconversion collective.

Pour le machinisme, nous accompagneront encore le renouvellement, les nouveautés qui arrivent chaque année. Pour le reste, il y a un contrat programme sur le lait qui a défini sur trois ans le nombre de génisses à importer. Le jour où l’on aura atteint ce nombre, nous arrêteront de les subventionner. Aujourd’hui, d’autres domaines émergent et nécessitent de l’aide, comme le bio et le conseil agricole.

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