Voici, Gala, Paris Match n’ont qu’à bien se tenir, Saâd Hariri armé de l’objectif du paparazzi a immortalisé une réconciliation royale. La sémiotique de la photo, avec un «Sans commentaire» jouant la fonction d’ancrage, dépasse de loin le simple moment de décontraction autour d’un diner parisien.
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— Saad Hariri (@saadhariri) April 9, 2018
La relation entre l’impétueux prince saoudien, Mohammed Ben Salmane (MBS), et Mohammed VI (MVI) mais surtout Saâd Hariri avait connu une traversée en zone de turbulences. Dans un contexte de crise entre Riyad et Doha (juin 2017), suivi du renversement de l’ordre hiérarchique royal (juin 2017), et l’arrestation de princes et d’hommes d’affaires saoudiens dont Saâd Hariri (novembre 2017), les tensions politiques s’étaient faites plus présentes entre les trois alliés : Riyad, Rabat et Beyrouth.
Si le Maroc était un temps pressenti pour jouer le rôle de médiateur, c’est Paris qui jouera le rôle facilitateur. Mais au-delà de la relation entre les trois hommes, représentant trois pays alliés pour Emmanuel Macron, c’est un ballet de responsables d’Etats arabes assez rare pour être souligné.
En effet, dans un contexte de reconfiguration des alliances stratégiques et géopolitiques, de tensions politiques et militaires à travers le monde, le chassé-croisé du Premier ministre libanais, du prince héritier saoudien et du roi marocain à Paris interpelle.
Trois actes et une entracte
Emmanuel Macron rencontre d’abord Saâd Hariri, vendredi 6 avril, à l’occasion de la conférence CEDRE, permettant de mobiliser 11 milliards de dollars en prêts et dons pour «moderniser l'économie et renforcer la stabilité du Liban, menacé par les crises régionales» (Acte 1).
Dimanche 8 avril, c’est au tour de Mohammed Ben Salmane en visite officielle à Paris d’être reçu par le président français qui l’invitera à dîner au Louvre. Ils parleront art et culture tout en réfléchissant à une «nouvelle coopération» économique entre Paris et Riyad (Acte 2).
Dans un même élan, le roi Mohammed VI en séjour à Paris depuis février 2018, sera reçu à l’Elysée ce mardi 10 avril (Acte 3), au lendemain donc du désormais fameux dîner Hariri-MVI-MBS (Entracte).
Alors que la voix de la France semblait en perte de vitesse dans le monde arabe, notamment dans le Golfe où MBS multiplie ostensiblement les signes de rapprochement avec Donald Trump, Emmanuel Macron semble reprendre la main au moment où la tectonique des relations internationales s’accélère dangereusement.