Menu

Grand Angle

Un député UMP pour le contrôle du «rap issu de l'immigration»

Le député UMP Michel Raison a saisi, mardi 26 juillet, le ministre de la culture et de la communication pour dénoncer «l’obscénité», le caractère «raciste» et «misogyne» de «chansons écrites par certains groupes de musique rap issus de l'immigration. La question a fait du bruit dans la presse, le milieu du rap, et l’association SOS racisme n’ont pas tardé à rétorquer.

Publié
photo: Rim Battal
Temps de lecture: 2'

Michel Raison n’a pas dû tourner sa langue sept fois dans sa bouche. Ce député-maire de Luxeuil (Haute-Saône), accuse certains groupes de rap «issus de l’immigration» de «bafouer» «les valeurs fondamentales de respect et de liberté qui fondent notre démocratie». Le débat n'étant en effet pas nouveau, l'UMPiste a adressé une question écrite au ministre de la culture et de la communication, ou il s’interroge sur les mesures qui ont été prises par le passé «pour censurer ces chansons» de «groupes (qui) se livrent à de véritables appels à la haine raciale et religieuse en proférant des paroles obscènes, racistes et misogynes».

Les réactions ne se sont pas faites attendre

La question, largement relayée par la presse, a entraîné de vives réactions dans les milieux associatif et musical. L’association SOS racisme, qui lutte contre le racisme depuis 1984, s'est dit consternée arguant que «derrière cette question bien peu digne de notre Assemblée, il y a manifestement toute cette peur […] de cette France métissée que certains voudraient assigner dans des territoires et cantonner dans des caricatures.»

Pour le rappeur d'origine marocaine Hicham Kochman, alias Axiom, « Il ne s'agit pas de nier qu'il y a du rap misogyne ou haineux, mais de réfléchir au contexte politique et social qui les génère.» Le rap étant par définition une musique contestataire, aux paroles virulentes qui s’attaquent aux symboles du pouvoir à travers des thèmes récurrents tels que les femmes, l’argent, les armes à feu. Pour sa part, Bruno Laforestrie, directeur de la radio Générations, assure à nos confrères de rue89 que «chaque année ou presque, il y a une question posée par un député (au sujet de la musique rap, ndlr). C'est quasiment un rituel.»

Même refrain

En effet, la «musique de rue», le rap en particulier, est un sujet de prédilection de la droite française. Le même refrain revient avec insistance: en avril dernier, Jean Bardet, député du Val d’Oise s’insurgeait contre «la violence des paroles de certains groupes musicaux». En 2009, Valérie Létard, secrétaire d’état UMP, avait demandé la suppression d'Internet d’une chanson du rappeur Orelsan jugée «misogyne». Et en 2005, François Grosdidier, député de Moselle s’était associé à d’autres UMPistes pour déposer plainte auprès du Ministère de l’intérieur. Il accusait neuf groupes de rap de «promouvoir le racisme anti-Blancs».

Aujourd'hui, cette question tombe comme un cheveu dans la soupe car elle ne semble pas trouver sa justification dans l’actualité. Pourquoi viser avec autant de précision les musiciens «issus de l’immigration» ? 

Interrogé par l’AFP, le député de la Haute-Saône avoue que «ce n'était peut-être pas comme ça qu'il fallait l'écrire» et se défend de tout racisme. Il assure qu’il voulait seulement attirer l’attention notamment sur « la banalisation (dans les textes de ces chansons, ndlr) (qui) n'est pas forcément une bonne chose», car selon lui, «ça renforce les extrémistes de droite, ce qui n'est jamais très bon». A la veille des élections de 2012, la question qui se pose est de savoir jusqu’où les députés UMP seront prêts à aller pour conquérir l’électorat de l’extrême droite.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com