Saâd-Eddine El Othmani était hier soir à Missour, relevant de la province de Boulemane, où il donna le coup d'envoi de la 10e édition de la caravane de la Lampe organisée par le groupe des députés du PJD et non par le parti.
L'équipe de communication des islamistes a visiblement tiré les leçons de la mésaventure de Dcheira du samedi 17 mars, où le secrétaire général du PJD avait prononcé un discours devant des rangs clairsemés et des chaises vides. La rencontré s'est déroulée dans une petite salle couverte de la ville où les bancs étaient tous occupés par des membres du parti.
Saâd-Eddine El Othmani a même été accueilli par une troupe de danse traditionnelle amazighe de la région. La semaine dernière à Dcheira, les militants locaux avaient oublié de lui souhaiter la bienvenue sur les rythmes d'"Ahwache" à l’instar de l’accueil réservé à Benkirane en mars 2015.
Les députés refusent toujours de faire bloc autour d'El Othmani
Si sur le plan de l'image El Othmani a remporté la manche, il ne parvient pas encore à arracher l'adhésion totale du groupe des députés à sa politique. En témoigne le discours de leur président, Driss Azami, un proche d'Abdelilah Benkirane qui est également aux commandes de la mairie de Fès et du conseil national. Ce dernier a réitéré le droit de son groupe de «contrôler l'action du gouvernement».
«Nous ne sommes pas une majorité mécanique et personne ne nous empêchera de faire notre devoir.»
Et d'ajouter que son groupe «continuera à appeler à la constitution de missions d'information sur des sujets qui préoccupent les citoyens et dont nous considérons qu'il y a des dysfonctionnements», rapporte le site d'actualité de la Lampe. Un message très clair destiné particulièrement à Saâd-Eddine El Othmani.
Certains députés PJDistes se muent ainsi en véritables opposants de l'exécutif, notamment lors des séances hebdomadaires des questions orales diffusées en direct par Al Aoula et à l'occasion de l'examen de quelques projets de loi. Sous Benkirane I et II, ils avaient comportement tout autre, bien plus discipliné à l’égard des orientations de l'ancien chef du gouvernement.