Israël a récemment annoncé la déclassification d’archives d’Etat, dont certaines attestant de la discrimination subie par les immigrés juifs natifs du Maroc, a indiqué hier le quotidien Haaretz. Ces documents révèlent la manière dont les juifs en provenance d’Afrique du Nord ont été discriminés dans le nouvel Etat hébreu durant les années 50.
Cette décision, annoncée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et la ministre de la Justice Ayelet Shaked, a été abordée dans un documentaire réalisé par David Deri, intitulé «The Ancestral Sin» (Le péché ancestral).
Le film contient des témoignages et des transcriptions auparavant scellées, révélant une méthode, une idéologie et une pratique cruelle des forces de l’ordre et des décideurs derrière les politiques de dispersion de la «population» lors des deux premières décennies qui ont suivi la création d’Israël. Sa diffusion a soulevé des interrogations sur ces documents, particulièrement détaillés.
Selon le journal israélien, le documentaire a poussé la ministre de la Justice Ayelet Shaked à annoncer, au début du mois, son intention de rendre publiques ces archives.
Un manque criant d'infrastructures
Le Premier ministre israélien a ainsi fait savoir que les documents gardés dans les archives sionistes de cette période allaient être publiés sur internet. De plus, un projet du cabinet de Benjamin Netanyahu va être soumis pour allouer des fonds pour cette opération. Le dirigeant israélien a reconnu que les données contenues dans le documentaire n’ont pas été digitalisées, ce qui les a rendues inaccessibles à la plupart des gens. «C’est pour cela que j’ai pris cette décision. Ils seront totalement accessibles à chaque personne en Israël et dans le monde», a-t-il ajouté.
Au même moment, la ministre de la Justice a indiqué que d’autres documents reliés à ce sujet avaient été classifiés, notamment les archives de la police. «Je suggère au cabinet que ces documents soient revus et approuvés pour lecture sous les auspices des archives de l’Etat», a-t-elle déclaré.
Les immigrés d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient étaient traités différemment par les autorités israéliennes durant l’établissement de l’Etat hébreu. Les Archives de l’État d’Israël, l’archive nationale du pays, a publié dans un tweet un document datant de février 1957. Ce dernier fait état d’une réunion du cabinet lors de laquelle le ministre du Travail de l'époque, Mordechai Namir discutait du fait que la relocalisation des immigrés en provenance des pays arabes hors des camps de transit était «un problème». Il relevait notamment que «les maisons prévues pour les immigrés du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord étaient donnés aux ‘immigrés blancs’».
Des informations similaires ont été révélées par le documentaire de David Deri. Selon le journal Haaretz, les «nouveaux immigrés ont souffert de la négligence systématique et devaient vivre dans des conditions difficiles, dans des villes sous-développées où le manque d’infrastructure était criant».