A la faveur d’un contexte international qui lui est favorable, le Polisario a relancé mercredi ses vielles menaces contre l’Union européenne, par la voix de son avocat, Gilles Devers. Le Français met en garde Bruxelles contre toute intégration des produits du Sahara dans les accords Maroc-UE.
«Le mandat qu'ils (les responsables de la Commission) essayent de faire passer est irréaliste, contraire au droit international et engage la responsabilité de l'UE», a-t-il déclaré à l'APS. Au passage, il a décoché des flèches en direction de Paris qu’il accuse de «manipuler la Commission pour bafouer une décision de justice».
Devers s’en est pris à l'exécutif européen qui selon lui «tente de ressusciter des groupes fantoches, créés par les Marocains, auxquels ils veulent donner un statut international pour faire d'eux des interlocuteurs (…) Ils n'ont aucune représentativité au Sahara occidental».
Le Polisario réclame 240 millions euros à l’UE
Lesdits «groupes» auxquels l’avocat fait allusion, sont en effet les représentants élus des habitants du Sahara dans les différentes collectivités locales (communes, mairies et autres conseils des régions) et dans les deux Chambres du Parlement marocain.
Le recours aux élus sahraouis est une piste pour contourner les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne du 10 décembre 2015 et du 21 décembre 2016. C’est d’ailleurs la seule voie possible pour continuer le commerce tout en se conformant aux décisions de la CJUE, sachant que les juges avaient statué que le client de Me. Devers «n’est pas concerné par la décision par laquelle le Conseil a conclu cet accord d’association de 2012 entre Rabat et Bruxelles. La Cour rejette donc le recours du Front Polisario pour défaut de qualité pour agir».
L’avocat a conclu le chapelet de ses menaces en réclamant 240 millions euros à l’Union européenne de «dommages et intérêts» pour «le préjudice subi par le peuple sahraoui à la suite de la poursuite de l'exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara occidental après l'arrêt de la CJUE».
La réponse de la Commission européenne aux menaces du Polisario
L’exécutif européen et le Maroc n’ont pas tardé à réagir aux menaces proférées par l’avocat du Polisario. Le même jour, les deux parties paraphent à Bruxelles un document qui renforce leur partenariat sur la base de l’accord agricole, indique la MAP.
Il s’agit d’ «une étape importante dans un processus qui va se poursuivre dans les prochaines semaines en vue de renforcer ce pilier important de la relation entre le Maroc et l’Union européenne», s'est félicité le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita dans une déclaration à l'agence officielle.
La signature de ce document s’est déroulée en présence également du ministre de l’Agriculture, Aziz Akhannouch, et de l’ambassadeur du Maroc auprès de l'Union européenne, Ahmed Réda Chami, ajoute la même source.