Depuis lundi, des photos et des vidéos sur les réseaux sociaux montrent des paysages enneigés et des dunes de sable couvertes de blanc. Du jamais vu depuis vingt ans dans la ville d’Ouarzazate, et même depuis cinquante ans dans la région de Zagora.
Les paysages sont fascinants, à tel point que l’émerveillement légitime qu’elles suscitent peut faire oublier l’état des routes et des infrastructures de la région. En effet, celles-ci sont peu ou pas préparées à des conditions météorologiques aussi exceptionnelles.
Des oasis sous la neige
Le climat d’Ouarzazate a des particularités sahariennes, dans une région connue par ses oasis et ses palmeraies à perte de vue. Depuis des années, il neige habituellement sur les régions montagneuses, mitoyennes à la ville, auxquelles s’étend la chaîne de l’Atlas. Aussi ces chutes de neige sont enregistrées à proximité de la commune d’Ighrem Nougda, à 70 kilomètres d’Ouerzazate.
Temps enneigé à Ouarzazate / Ph. H24info
Depuis les années 1980, le phénomène n’atteint pas la zone urbaine d’Ouarzazate, d’où la fascination générale, voire l’étonnement de la population.
Le revers de la médaille est que «plusieurs routes ont été coupées», comme l’explique à Yabiladi Zoubir Bouhoute, directeur du Conseil provincial de tourisme – Ouarzazate. Selon lui, «celle de Tizi n’Tichka ou encore une autre reliant le sud-est de Marrakech-Safi à la ville de Ouarzazate, à travers les montagnes du Haut Atlas, ne sont plus accessibles».
Même les routes reliant Zagora et Aït Sawen, commune de la vallée du Drâa, ont été coupées. «Skoura, une commune située à 40 kilomètres d’Ouerzazzate, a également été touchée par les précipitations de neige, mettant à mal la circulation», nous indique encore Bouhoute.
Chutes de neige à Ouarzazate / Ph. H24info
Par ailleurs, nombre de vols à l’aéroport international d’Ouarzazate ont été annulés ou reportés en raison des conditions météorologiques. Enfin, le complexe solaire Noor Power Station, situé dans la région de Drâa-Tafilalet à 10 kilomètres de la ville (zone rurale de Ghessat), a été entièrement couvert de neige. «Par conséquent et en l’absence de soleil depuis plusieurs jours, les plaques paraboliques de la station Noor I ont cessé de bouger pour suivre les rayons solaires», ajoute Zoubir Bouhoute.
La province de Zagora n’échappe pas à la neige
A une centaine de kilomètres d’Ouarzazate, la province de Zagora a également observé des chutes de neige, les premières depuis cinquante ans, notamment à Agdez, Afra ou Oulad Yahya.
Contacté par Yabiladi, Mohamed Cherkaoui, président de l’association Si Cherki pour la solidarité et le développement, nous indique que ces chutes ont duré hier de quatre heures du matin à midi.
Aflandra, commune de la province de Zagora, a été couverte de neige / Ph. Mohamed Cherkaoui
Originaire de Mezguita, une commune de Zagora, Mohamed Cherkaoui dit ne jamais pas avoir vécu cela dans sa région natale. Contrairement à Ouarzazate, les chutes n’ont pas été si intenses jusqu’à bloquer le trafic routier. Cependant, le militant souligne un risque :
«Ici, beaucoup de gens vivent dans des maisons en pisé, inadaptée à la neige et à la forte humidité. Par chance, la neige n’a pas été très dense comme à Ouarzazate. Autrement, toutes ces habitations auraient pu s’effondrer sur leurs occupants. Ainsi, certaines familles ont dû enlever manuellement la neige de leurs toits qui manquent d’étanchéité.»
Les toits des maisons ont supporté - avec beaucoup de mal - les chutes de neige à Aflandar / Ph. Mohamed Cherkaoui
S’il n’a pas neigé spécifiquement dans le centre-ville de Zagora, beaucoup de communes alentours ont enregistré des chutes de neige, sinon de fortes baisses de température. Face à cette situation, les autorités locales nous indiquent être encore impuissantes, s’agissant de l’acheminement de moyens de chauffage.
«Cette vague de froid coïncide avec les vacances scolaires. Autrement, cela aurait constitué un véritable problème», nous indique encore un responsable communal dans la province de Zagora. Par ailleurs, la route reliant Agdez à Aït Sawen, a été fermée hier pendant deux à trois heures.
De son côté, Mohamed Cherkaoui indique à Yabiladi que la population de la région n’est pas «coupée du monde à cause de la neige», mais la situation des habitations devient de plus en plus problématique.