Freedom House vient de rendre public son rapport 2018 sur la situation de la démocratie et des libertés dans le monde. L’analyse ne dresse pas un scénario optimiste et estime que l’exercice démocratique se porte mal, globalement dans le monde comme au Maroc.
Dans ledit rapport, le Maroc maintient son classement parmi les pays «partiellement libres», mais il a perdu deux points, depuis janvier 2017, passant d’un score global de 41 à 39/100. Une baisse expliquée par les «réactions brutales de l’Etat aux manifestations populaires, tout au long de l’année passée», surtout ceux du Hirak dans le Rif.
Concernant les libertés civiles, Freedom House indique que le royaume a enregistré là également un recul : «le score est passé de 4/7 à 5/7.»
Source : https://freedomhouse.org
Dans le classement mondial de l’ONG, le pays arrive en 146e position sur 210 pays et provinces. Une nouvelle dégradation, comparé à l’an dernier, où il avait été classé 142e. Le Maroc fait ainsi partie des 58 Etats classés «partiellement libres», au même titre que la Jordanie (37/100), le Mexique (62/100), le Paraguay (64/100), la Serbie (74/100), l’Ukraine (62/100), le Pakistan (43/100), ou encore le Bangladesh (45/100).
Un climat mondial sceptique
Au niveau régional, la Tunisie a pour sa part conservé son classement à la première place, faisant partie des 88 Etats «libres» avec un score de 70/100. En revanche, les autres pays de la région MENA ne se portent pas au mieux. Classée «partiellement libre» dans le rapport de 2017, la Turquie passe désormais sur la liste des pays «non libres» avec un score de 32/100, rejoignant l’Algérie (35/100), l’Irak (31/100), ou encore l’Egypte (26/100). Freedom House explique ce changement :
«Le score du pays est en chute libre depuis 2014 en raison d’une série d’attaques contre la presse, les utilisateurs des médias sociaux, les manifestants, les partis politiques d’opposition, le pouvoir judiciaire et le système électoral, au moment où le président Recep Tayyip Erdoğan veut imposer un contrôle personnalisé.»
En 2017, l’ONG avait déjà constaté que les droits politiques et les libertés civiles dans le monde s’étaient «détériorés», soulignant le retrait des Etats-Unis de leur rôle de gardien de la paix et de la démocratie. Un principe qui, selon l’ONG, s’affaiblit d’ailleurs pour la douzième année consécutive.
Freedom House avait également alerté que 67 pays sur 195 avaient régressé en matière de respect des droits civils et politiques au cours de l’année 2016. En comparaison avec ses observations antérieures, c’est pour la première fois que l’ONG avait constaté un recul au niveau de pays longtemps classés comme «libres», notamment en Europe centrale.