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Grand Angle

Héritage : Les femmes entretiennent-elles un système qui les opprime ?

Les auteurs de l’ouvrage collectif «L’héritage des femmes : réflexion pluridisciplinaire sur l’héritage au Maroc», discuté hier à la Faculté de sciences juridiques, économiques et sociales, ont tenté d’expliquer la faible mobilisation des femmes contre la loi accordant aux fils le double de ce qu’elle accorde aux filles.

Publié
(c)DR
Temps de lecture: 3'

«Les femmes entretiennent fidèlement un système qui les opprime». Ces femmes-là, Siham Benchekroun les entend chaque jour dans son cabinet. Médecin, psychothérapeute, la militante féministe discutait hier, mercredi 10 janvier, à la Faculté de sciences juridiques, économiques et sociales de Aïn Chok à l’Université Hassan II de Casablanca, d’une thématique qu’elle connaît bien : «L’héritage des femmes : réflexion pluridisciplinaire sur l’héritage au Maroc», publié en mai 2017 et dont elle a été l’initiatrice et la coordinatrice.

«Pourquoi les femmes acceptent l’injustice de l’héritage ? Parce qu’elles ne veulent pas d’histoire, lance, provocateur, Jamal Khalil. En quelque sorte, elles échangent le renoncement à un traitement égal lors de la succession contre l’idée de fraternité et de famille unie.» Co-auteur de l’ouvrage «L’héritage des femmes», il décrit les deux attitudes possibles des femmes lors de la succession : le conflit ou la soumission.

«En arrière plan de cette acceptation, se dresse un ensemble d’injonctions intériorisées : les femmes doivent continuer à avoir de bons liens familiaux et afficher la bonne éducation que l’on attend d'elles, celle de respecter les frères (...) Elles ont quelque part compris que la question de l’héritage est une chasse gardée masculine. L’aborder nécessite un immense effort et une remise en cause de l’autorité des hommes. Elle s’accompagne souvent d’une perte de protection. (...) Pour elles, avec l’autorité paternelle, disparaît aussi la protection du père. Comment être protégée alors si ce n’est par les frères ?»

«Elles considèrent naturel d’assumer corvées et tâches ingrates»

Les interventants expliquent que femmes et hommes ont été socialisés aux mêmes normes sexistes qui répartissent les rôles dans la vie sociale, comme dans l’héritage. Dans cette configuration, ce n’est pas parce que les femmes sont défavorisées par les loi, les coutumes ou les conventions qu’elles auraient tendance à les dénoncer.

Par ailleurs, les dispositions du droit successoral forment une norme familiale, sociétale et législative. Si d’aventure, une femme la trouverait injuste, peu de recours ou d’alternatives se proposent à elle pour dépasser cette situation. Ainsi, elle éviterait plutôt d’entrer en conflit avec sa famille : Seule contre tous, elle aurait tout à perdre en coupant le cordon ombilical.

«Il est même plutôt rare que [mes] patientes remettent en question le fondement de la suprématie masculine. Craintives, manquant d’assurance, elles considèrent naturel d’assumer corvées et tâches ingrates du fait de leur sexe et ne se plaignent que de la dureté de leur famille à leur égard», a constaté Siham Benchekroun auprès de ses patientes, qui souffrent pourtant de ce statut quo.

«Lorsque je participais au comité qui devait définir la réforme de la Moudawana en 2004, j’ai proposé trois changements, dont l’égalité des hommes et des femmes en héritage et le renoncement au soutien automatique des hommes dans le mariage. Ils n’ont pas été adoptés et beaucoup de femmes, à l’extérieur comme à l’intérieur du comité ont refusé, raconte pour sa part Nezha Guessous. Finalement, les femmes elles-mêmes sont-elles prêtes à perdre le soutien financier obligatoire de leur mari - naqafa ?»

Selon elle, les femmes ne remettraient pas en cause l’inégalité du traitement dans l’héritage, non seulement parce que la norme sociale, légale et religieuse est trop forte, mais également parce que ce serait remettre en question un système comme l’institution du mariage, qui leur garantirait un foyer et une source de revenu à travers l’époux.

Volonté divine

L’absence de contestation de la loi sur l’héritage par celles qui en bénéficient, mais surtout par celles qui en souffrent «est motivée par l’idée que les lois successorales marocaines obéissent à la volonté divine, et que celle-ci ne peut pas faire l’objet d’un débat lorsqu’on est musulman (...) Il semble en fait que pour la majorité des Marocains, les questions religieuses sont hors de portée et réservées aux théologiens. L’héritage en fait partie et ne peut être discuté que par ces savants. En revanche, les patientes évoquées dans ce travail qualifient de «non musulman» le comportement égoïste et irresponsable de nombreux hommes marocains et déplorent leur démission face à leur devoir de mâle», écrit Siham Benchekroun.

La militante a ainsi constaté que les Marocaines souffrant de l’inégalité de traitement entre hommes et femmes face à l’héritage ont tendance à chercher un recourt à l’intérieur même de la norme sociale et religieuse, plutôt que de la contester. Une stratégie de discussion de l’intérieur que les co-auteurs de l’ouvrage de l’étude ont également mis en œuvre à leur niveau.

S’ils n’admettent pas l’intangibilité de la norme inégalitaire de l’héritage, tous les intellectuels participants au livre sont musulmans et reconnaissent la validité de la norme religieuse. Ils tentent donc de justifier la réforme de la loi sur l’héritage du point de vue même de l’Islam. Siham Benchekroun consacre ainsi une part très importante de son ouvrage collectif à développer ces différents arguments, théologiques, juridiques, scientifiques et sociétaux.

usernamepseudo
Date : le 12 janvier 2018 à 21h24
@lemask :
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à écrit:
Mais il se trouve que le systéme Musulman qu'on insulte pour cela a déjà pensé à cette question. La femme reçoit la moitié de l'héritage. Mais l'homme est à son service. Il doit mourir sur le champ de bataille pour la protéger. Il doit travailler pour la nourrir, la vétir, la soigner, l'honorer, la protéger économiquement, socialement etc... .... Mais bien sûr. L'Islam est mal appliqué .
Je me demande si j'ai répondu à côté de la plaque, dans mes interventions je parlais du partage dans une fratrie. Mais finalement ça vaut pour le couple. Une femme mariée qui reçoit sa demi-part n'est pas tenue de l'investir dans son couple, nous sommes d'accord. Récemment j'ai lu un poste sur la rubrique sentimentale où il était demandé de décliner les critères de la femme. Parmi ces critères il y avait quelque chose comme parents riches ou parents qui possèdent des biens. Un homme qui épouse une femme dans l'espoir de toucher le pactole, ça devrait faire flipper les prétendantes.
usernamepseudo
Date : le 12 janvier 2018 à 20h29
Pour les cas dont j'ai entendu parler, les hommes prenaient en charge leurs enfants et leur femme, mais la soeur était laisser pour compte avec sa demi-part. Certains partaient du principe que leurs soeurs ne devaient pas hériter du tout et ils menacent leurs soeurs comme ça : si tu prends ta part d'héritage ---> tu te débrouilles pour vivre. Pourtant cette part est un droit, l'entretien est un droit. Les soeurs sachant que leurs frères ne sont pas des hommes de parole, elles ne peuvent pas risquer de tout leur donner pour se retrouver à la rue.
amirene
Date : le 12 janvier 2018 à 16h55
c est déjà un quasi miracle quand ils assument leurs enfants alors leurs soeurs ou leurs nièces ... je crois même que je ne connais que des cas de femmes qui ont été spoliées de leur part réduite par ceux qui étaient censés les 'protéger'
LeMask
Date : le 12 janvier 2018 à 15h41
Ce que les féministes ne veulent pas comprendre, c'est que l'égalité ne peut qu'être symbolique entre les hommes et les femmes. Oui, les hommes et les femmes sont nés égaux. Puis les hommes ont dominé le monde. Ce qui prouve que les hommes sont taillés différement. Pas mieux, pas pire. La comparaison est inutile car ils n'existent pas l'un sans l'autre. Les féministes doivent comprendre que le modéle de l'égalité forcée, comme dans les pays Occidentaux, n'est pas la seule réponse à cette question. Les femmes doivent choisir entre l'égalité forcée où elles touchent la même chose que l'homme. Et le monde où elles ne touchent que la moitié d'un homme. Il faut vraiment être une idiote pour hésiter entre une part et une demi part. Mais il se trouve que le systéme Musulman qu'on insulte pour cela a déjà pensé à cette question. La femme reçoit la moitié de l'héritage. Mais l'homme est à son service. Il doit mourir sur le champ de bataille pour la protéger. Il doit travailler pour la nourrir, la vétir, la soigner, l'honorer, la protéger économiquement, socialement etc... Elle et ses enfants. Il ne portera pas de bijoux, ne portera pas de soie, il travaillera nuit et jour pour subvenir à ses besoins à elle, et si elle manque de quelque chose, ce sera sa faute à lui. Si elle travaille. Son argent est à elle. S'il dépense tout l'or du monde pour son confort et qu'elle lui achete un bonbon à 2centimes. Il doit lui dire merci. Car rien ne l'oblige à lui donner quoi que ce soit. Dieu a ordonné à l'homme de subvenir aux besoins de la femme. Elle, elle lui a rien demandé. Si l'homme fait un truc pour elle, elle doit remercier dieu. Pas l'homme. Mais bien sûr. L'Islam est mal appliqué. Alors en ce qui me concerne, les femmes ont le choix. Mais les deux modèles sont imparfaits.
usernamepseudo
Date : le 12 janvier 2018 à 15h39
Salam, C'est en voyant que les hommes n'assument pas le devoir qui leur incombe que les femmes ne comprennent pas le "1/3 pour elle 2/3 pour lui". Combien de frères ont lâchement failli à leur devoir d'entretenir leur sœur une fois les parents décédés ? Lahawla wala qouwata illa bilLah Alaaliy Alaadhim
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amirene à écrit:
les femmes n y trouveraient rien à redire si les hommes assumaient leurs devoirs en retour
lala_mastoura
Date : le 12 janvier 2018 à 01h33
Y’a pas de souci, totalement d’accord avec toi sur ce coup. hors de question de remette en question les lois divines, c’est plutot à nous de nous réformer. Comme on dit l’Islam est parfait mais pas les musulmans Heu
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"charmeur de serpent" à écrit:
@lala_mastoura Pour qu'il n'y ait pas de malentendu, je m'explique : Je suis tout à fait d'accord que la volonté divine doit être respectée par la femme et l'homme, par contre, on n'a pas le droit de modifier la loi divine ni de la réctifier. Ce qu'il faut savoir, l'homme hérite le double de ce que hérite la femme parce que l'islam oblige l'homme à entretenir sa famille et s'il ne le fait pas, c'est qu'il a manqué à son devoir et dans ce cas ce n'est pas la faute de la volonté divine. La femme hérite la moitié de ce que hérite l'homme parce que, selon la loi islamique, la femme n'a pas le devoir d'entretenir sa famille et s'elle se porte volontaire pour le faire, cela dépend de sa propre volonté puisque l'islam la dispense de le faire.
charmeur de serpent
Date : le 11 janvier 2018 à 20h35
@lala_mastoura Pour qu'il n'y ait pas de malentendu, je m'explique : Je suis tout à fait d'accord que la volonté divine doit être respectée par la femme et l'homme, par contre, on n'a pas le droit de modifier la loi divine ni de la réctifier. Ce qu'il faut savoir, l'homme hérite le double de ce que hérite la femme parce que l'islam oblige l'homme à entretenir sa famille et s'il ne le fait pas, c'est qu'il a manqué à son devoir et dans ce cas ce n'est pas la faute de la volonté divine. La femme hérite la moitié de ce que hérite l'homme parce que, selon la loi islamique, la femme n'a pas le devoir d'entretenir sa famille et s'elle se porte volontaire pour le faire, cela dépend de sa propre volonté puisque l'islam la dispense de le faire.
lala_mastoura
Date : le 11 janvier 2018 à 19h39
Est-ce que tu a réfléchi à pourquoi ces femmes rejettent les lois d’héritages ? Je ne dis pas qu’elles ont raison évidemment, mais ce phénomène résulte d’un problème, et ce problème doit être réglé. On se lève pas un bon matin en se disant tiens aujourd’hui je vais à l’encontre des lois du Tout-Puissant. Si elle veulent un droit à l’héritage égale à l’homme c’est que la société attend d’elle qu’elle soit indépendante. On lis toujours des trucs du genre « la femme refuse la polygamie, elle refuse les droit d’héritage, elle refuse ceci, elle refuse cela... » Il suffit de voir comment les femmes sont traités par les hommes et la société pour comprendre. Si l’énergie était dépensée à changer les mentalités et aider les femmes dans le besoin, et moins à dénoncer les revendications de ces dernières, on en serait pas là. La volonté divine doit être respectée par les 2 genres. Pourtant j’entends personne se plaindre que les hommes rejettent la volonté divine en jetant leur mère du foyer pour faire entrer leur nouvelle meuf, quand il divorce sa femme et la laisse sans rien pour nourrir les gosses, quand une orpheline voit son frère lui dire qu’il est pas son père dont il a pas à s’occuper d’elle ... et la liste est longue. Donc avant d’attaquer inutilement, et proposer au plaignant de se tourner vers la mécréance, chose la plus détestée et impardonnable par Allah sobhano, essaie de comprendre le problème et demande toi pourquoi il existe. Et essaie de le régler à ton propre niveau même. Peace
Citation
"charmeur de serpent" à écrit:
Quand on est croyant, on est censé respecter la volonté divine et ne pas la contester surtout quand il s'agit de l'héritage. Donc, la femme est censée respecter la volonté divine avant tout et s'elle n'est pas d'accord, elle n'a qu'à changer de croyance pour satisfaire sa propre volonté.
amirene
Date : le 11 janvier 2018 à 18h02
les femmes n y trouveraient rien à redire si les hommes assumaient leurs devoirs en retour
Femmedecoeur
Date : le 11 janvier 2018 à 18h01
T tres offensant quand mm
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