Si pour beaucoup, les célébrations de fin d’année sont terminées, pour d’autres, elles débutent cette semaine. C’est en ces termes que la journaliste Fathia El Aouni introduit l’édition de ce mercredi 10 janvier de l’émission de Radio 2M «Faites entrer l’invité», co-présentée par le directeur de publication de Yabiladi, Mohamed Ezzouak.
Et pour cause, le nouvel an amazigh, Yennayer, sera célébré ce week-end. Pour de nombreux Marocains résidant à l’étranger, notamment en France, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne ou en Grande-Bretagne, les festivités débuteront vendredi 12 janvier et se poursuivront dans les prochains jours. L’occasion pour les Marocains et les Algériens, surtout, de «faire connaître leur identité, leur culture, de perpétuer la tradition avec les mets traditionnellement préparés à cette occasion, et de partager avec les voisins, qu’ils soient d’origine maghrébine ou pas», souligne Mohamed Ezzouak. «Ce sont des moments de communion extrêmement importants, où il y a une certaine fierté d’afficher son identité», ajoute-t-il.
Une célébration d’utilité publique
Lahcen Hamou, président de l’association Tifaouine, créée en 2005 à Bruxelles, explique avoir lancé celle-ci en raison d’«un fort attachement à la culture amazighe».
«On a également senti un problème identitaire profond auprès des jeunes. Certains considéraient par exemple qu’ils étaient les seuls Amazighs dans le monde, ce qui n’est pas du tout le cas. On a essayé de répondre à ce besoin dans un objectif de renforcement de l’identité et de la fierté, parce que c’est un outil nécessaire au développement et à l’intégration sociale ici», ajoute Lahcen Hamou.
Ce responsable associatif veut conférer à la cause amazighe une dimension plus large. Par le biais de l’ambassadeur marocain en Belgique, l’association Tifaouine a signé avec le ministère belge de la Culture un contrat d’apprentissage de la langue amazighe. «Depuis 2005, nous n’avons jamais cessé de célébrer le nouvel an, avec l’objectif de convaincre les pouvoirs publics de s’approprier cet évènement, qui est d’utilité publique pour une partie de la population», explique Lahcen Hamou.
«Il y a un réel problème identitaire en France et en Europe, plus généralement», confirme Rahma Gramez, présidente de l’association Tamaynout France, créée en 2009 par des étudiants et des militants amazighs. Rahma Gramez souligne le volet revendicatif de son association :
«Il est bien sûr question de soutenir l’officialisation de la langue amazighe, mais aussi de rapprocher les populations résidant en France de leurs pays d’origine, de promouvoir la culture et l’identité amazighe.»
«La préservation du patrimoine culturel, c’est une affaire sérieuse qui nécessite des moyens sérieux et des gens qualifiés. Ces associations n’ont pas les moyens de pouvoir tenir une permanence. Elles peuvent, en revanche, s’atteler à la sensibilisation parce que jusqu’à maintenant, il n’y a pas de conscience publique de l’utilité de ce type d’association», reprend Lahcen Hamou, en référence aux associations culturelles amazighes de plusieurs pays d’Europe, dont les moyens sont souvent limités. «Elles peuvent jouer un rôle important auprès des jeunes de la communauté marocaine en leur donnant une identité forte de la marocanité, composée de plusieurs cultures», estime-t-il.
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