Et si le chemin devant mener le Maroc à l’adhésion à la CEDEAO commencait au pays de Jacob Zuma ? Hier, un grand hôtel de Johannesburg a abrité une réunion d’appui et d’explication des motivations de la requête du royaume pour intégrer le groupe Ouest-africain. L’initiative porte la signature de l’Association marocaine en Afrique du sud en collaboration avec l’ambassade à Pretoria, indique un média pan-africain.
Face à ses invités sud-africains, le président de l’ONG, Abdeslam Habiballah Ahmed, a puisé ses arguments de l’étude d’impact réalisée par la Commission de la CEDEAO et remis aux 15 membres de la Communauté lors du sommet d'Abuja. Un document qui est, pour rappel, favorable à l’intégration du Maroc.
Dégripper les verrous un à un
Organiser une opération de communication autour de cette question dans un pays que des milliers de kilomètres séparent de l’Afrique de l’Ouest, pourrait étonner certains observateurs. Néanmoins le choix du lieu s'explique. Les premières flèches décochées contre l’adhésion du Maroc à la CEDEAO émanaient en effet de Pretoria. A peine deux semaines après la présentation de sa demande, l’opposition commençait à se manifester.
«Ce sera une surprise s’il est accepté (…) géographiquement, le Maroc ne fait pas partie de l’Afrique de l’Ouest. Sa culture arabe est totalement différente de celle de l’Afrique subsaharienne», avançait Liesl Louw-Vaudran, une analyste à l’Institute for Security Studies of South Africa, dans des déclarations à la presse. Des impressions que Marcel de Souza avait ensuite reprises à son compte dans une interview accordée à RFI, avant d’effectuer un étonnant revirement.
Le sujet de la CEDEAO ne cristallise pas à lui seul les inquiétudes de certains milieux en Afrique du sud envers le royaume. Le Sahara occidental et le nouveau projet d’une normalisation des relations diplomatiques entre Rabat et Pretoria, décidée par le président Jacob Zuma et le roi Mohammed VI le 30 novembre à Abidjan, alimentent également la méfiance. En témoigne les voix qui se sont faites entendre à Johannesburg «mettant en garde» Cecil Ramaphosa, le candidat aux présidentielles de 2019 de l’ANC contre le Maroc.
Si le Maroc parvient à aplanir ses relations avec l'Afrique du Sud, cela pourrait à la fois dégripper son adhésion à la CEDEAO mais aussi ouvrir plus d'espace à ses actions diplomatiques au sein de l'Union africaine. On a pu constater comment le rapprochement avec le Nigéria a offert un souffle nouveau pour la présence marocaine en Afrique de l'Ouest.