Le 5e sommet UE-UA représente un défi majeur pour la diplomatie marocaine, dix mois après son adhésion officielle à l’Union africaine. Le royaume est dans une position peu confortable.
Accepter la présence d’une délégation du Polisario les 29 et 30 novembre à Abidjan serait incomprise par des Etats du continent qui s’étaient rangés du côté de Rabat à l’occasion de la 10e réunion annuelle conjointe, tenue en mars à Dakar, de la Commission économique pour l’Afrique de l’ONU et l’UA. Pour mémoire, dans la capitale sénégalaise le Maroc s’était fermement opposé à la participation des amis de Brahim Ghali, arguant de la non-reconnaissance de la «RASD» par les Nations Unies.
A Dakar, la position du Maroc a été soutenue par le conseiller légal de la Commission économique africaine. En revanche, l’Algérie et l’Afrique du sud avaient plaidé la cause du Front. Finalement et faute de compromis après deux jours de discussions, le conclave CEA-UA a été reporté à une date ultérieure.
Rabat changerait-elle de stratégie à Abidjan ?
A deux semaines de la tenue du sommet UE-UA, le Maroc se mure dans le silence. Les canaux officiels évitent d’aborder cette question. En témoigne la teneur du communiqué du cabinet royal publié à l’issue de l’audience accordée par le roi Mohammed VI au président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki.
Taper fort sur la table, comme cela fut le cas à Dakar, donnerait du grain à moudre à la machine de communication du Polisario et de ses alliés. Elle avait déjà mis en garde les membres de l'UA contre les risques de l’implosion de l’organisation continentale en cas d’intégration du royaume.
«Le royaume a intérêt à jouer le rôle d’unificateur des Africains et de se rapprocher davantage des Etats qui soutiennent encore le Polisario. A l’exception de l’Algérie, le Maroc a une chance de bousculer certaines alliances du mouvement séparatiste à condition de renforcer sa présence dans les instances de l’UA en ratifiant les chartes de plusieurs commissions de l’Union africaine tout en évitant d’être à l'origine d'une confrontation», nous confie une source ayant requis l'anonymat.
«Les mandats de Pretoria et d’Alger au Conseil de paix et de sécurité, qui arriveront à terme le 31 mars 2018, devraient en principe bénéficier au Maroc. A cela s’ajoute l’échéance des élections présidentielles en Afrique du sud en 2019 à condition qu’un autre membre de la famille Zuma n’accéde pas à la magistrature suprême.»
De toute évidence, en intégrant l’Union africaine le Maroc savait que le Polisario n'en serait pas expulsé immédiatement. Ce processus s'il aboutit sera long et semé d’obstacles.