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Grand Angle

Zakaria Moumni : Sa femme se bat pour faire reconnaître l'innocence du boxeur

Ancien champion du monde de Light Contact, le Marocain Zakaria Moumni est aujourd’hui dans une prison de la capitale marocaine. Le jeune homme avait réclamé à plusieurs reprises et aux plus hautes autorités de l’Etat, son droit à la rente à vie. Sauf qu’à son retour au Maroc en septembre 2010, le champion a été arrêté et jugé à 3 ans de prison ferme pour escroquerie. Sa femme Taline a réussi à le voir il y a quelques jours. Elle témoigne.

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«On n’a même pas pleuré tant nous étions heureux de nous retrouver. Même quand je suis rentrée, j’avais le sourire jusqu’aux oreilles dans l’avion. C’était comme si on ne s’était jamais quittés», raconte Taline Moumni, citée par Slate Afrique. Après 8 mois de séparation, cette jeune Française de 31 ans a réussi, il y a quelques jours, à s’entretenir avec son époux, Zakaria Moumni. Arrêté en septembre 2010 à l’aéroport de Rabat, Zakaria a été condamné à 2 ans et demi de prison ferme pour «escroquerie».

Un titre de champion du monde

«Tout champion du monde marocain sera doté d’une rente à vie», c’est ce que stipule le décret royal 1194-66 du 9 mars 1967, signé feu Hassan II. Zakaria Moumni en fait incontestablement partie. En 1999, il était le premier Marocain et Africain à gagner un titre de champion du monde de Light Contact. Depuis, il a tenté à plusieurs reprises d'obtenir l'allocation en question, sans succès. Lors d’un déplacement du roi en France, Moumni a même tenté de l’approcher. Aurait-il commencé à gêner les autorités marocaines ?

Après son arrestation en septembre, Moumni aurait été emmené de force au centre de détention de Temara, selon le comité de soutien « Libérez Zakaria Moumni ». C’est là où le jeune boxeur aurait été également forcé à approuver des fausses confessions. C’est ce qu’affirme également son épouse : «Zakaria a su qu’il était à Temara parce qu’il a entendu un fonctionnaire qui parlait et qui disait qu’il était tombé en panne dans une ville à côté de Temara, qu’il n’y avait pas de bus pour Temara, donc qu’il avait mis du temps à venir.». Taline raconte que «Zakaria avait les yeux bandés. Il a été ligoté pendant 3 jours et 3 nuits, tabassé, on lui interdisait de s’allonger. Quand je l’ai vu la semaine dernière, j’ai constaté les marques de blessures, elles sont encore vives».

Théorie du complot ?

Dans un communiqué publié le 7 juin dernier, Amnesty International a fait savoir sa grande préoccupation «par le fait que sa condamnation repose sur une déclaration entachée d’allégations de torture». «Bien que Zakaria Moumni ait indiqué au ministère public et au juge d’instruction qu’il avait été contraint à signer une déclaration qu’il n’avait même pas été autorisé à lire, aucune enquête n’a été ordonnée», précise l’association.

L’avocat du boxeur, Abderrahim Jamai, est du même avis. Il explique « le juge l’a reconnu coupable d’une escroquerie contre deux hommes : l’un à Errachidia, l’autre à Salé. Ces deux plaignants auraient donné à mon client 14 000 dirhams, mais ils ne se sont jamais présentés ni même leur avocat que j’ai essayé de contacter à maintes reprises, en vain ». Me Jamai ajoute que «le procès s’est ouvert un vendredi et dès le lundi suivant, le verdict avait été prononcé sans que je puisse défendre mon client », rapporte le quotidien marocain le Soir Echos.

Zakaria est aujourd’hui soutenu par plusieurs associations marocaines et internationales dont Human Rights Watch qui affirme que la cause de son incarcération n’est autre que «sa campagne rendue publique et de ses remarques critiques à l'égard de proches du Palais», et que «les normes internationales en matière de jugement équitable», n’ont pas été respectées par la justice marocaine lors de son procès.

Une chose est certaine, Talia Moumni clamera toujours l'innocence de son mari. «Aujourd’hui, je suis sa voix, parce qu’il ne peut pas s’exprimer de là où il est», a-t-elle assuré, avant d’ajouter : «j’ai confiance dans le Maroc, j’ai confiance dans la justice, mon mari est fier de son pays, fier de son roi, il attend que justice soit rendue». La cour de cassation devrait décider le 29 juin prochain si un procès en appel va lui être accordé.

Zakaria Moumni avant son arrestation, Bakchich.info

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