Le point de départ des mésententes entre Marocains et Algériens trouve vraisemblablement son origine dans la guerre des sables. A l’époque, l’Algérie venait de sortir d’une guerre d’occupation coloniale de sept ans et demi contre la France. Le Maroc pour sa part, revendiquait depuis 1956, une bonne partie du territoire algérien actuel qui était sous son influence avant la colonisation française de l’Afrique du Nord depuis le XIXème siècle.
Guerre de territoires
Le 8 octobre 1963, l’armée algérienne attaque un détachement des Forces armées royales à Hassi Beïda : 10 morts dans les rangs des auxiliaires marocains. C’est le début de la guerre les sables. Les affrontements durent trois semaines, et après quelques tentatives infructueuses des belligérants, de la Tunisie, de l’Egypte, l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) obtient un cessez-le-feu à l’issue de la conférence de Bamako, les 29 et 30 octobre 1963. Le cessez-le-feu définitif n’intervient que le 20 février 1964 avec la signature d’un accord. C’est aussi la reprise officielle des relations diplomatiques entre les deux voisins.
Toutefois, un climat de méfiance s’installe entre Marocains et Algériens. Les deux camps s’accusent mutuellement de tous les problèmes. Huit ans plus tard, le 15 juillet 1972, le roi Hassan II et le président Houari Boumediene signent un traité de délimitation de leurs frontières respectives. Il suit le tracé des frontières fait par les Français. Après le départ du Sahara des Espagnols en 1975, Marocains et Algériens déterrent la hache de guerre. L’Algérie soutient le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, et l’indépendance du Sahara occidental réclamée par le Front Polisario, mouvement indépendantiste créé deux ans plus tôt. Le Maroc interprète l’attitude algérienne comme une attaque contre sa souveraineté. Il rompt toute relation diplomatique avec son voisin en mars 1976. La tension atteint son paroxysme et les armées des deux pays s’affrontent à Amgala, dans le Sahara occidental.
Au vu de tout ce qui unit les peuples marocains et algériens, les deux nations ne peuvent se tourner le dos éternellement. Le 26 février 1983, Hassan II et Chadli Bendjedid se rencontrent à la frontière des deux pays. Début avril, la libre circulation pour les résidents des deux pays reprend. Elle aboutit même, le 28 mai 1983, sur un accord de libre circulation progressive des personnes et des biens ainsi que l’ouverture des lignes aériennes et ferroviaires. Le 16 mai 1988, le Maroc et l’Algérie renouent Hassan II effectue quelques semaines plus tard sa première visite officielle en Algérie, en participant au sommet de la Ligue arabe du 7 juin 1988.
Chadli Bendjedid effectue le chemin inverse en 1989. Du 6 au 8 février, le président algérien effectue une visite officielle à Ifrane. Au cours de ce voyage, les deux dirigeants signent un accord de projet de gazoduc devant relier l’Algérie à l’Europe, en passant, le Maroc. Signe de relance des relations maroco-algériennes, Hassan II se rend à Oran du 27 au 29 mai 1991. La même année, le Maroc promulgue la convention du 15 juin 1972 qui met fin aux problèmes frontaliers maroco- algériens. Elle est ratifiée en mai 1989. Marocains et Algériens peuvent à présent repartir à zéro.
Rupture totale !
L’année 1994 marque un tournant dans les relations maroco-algériennes. Le 26 août, une attaque terroriste contre un hôtel de Marrakech fait deux morts et plusieurs blessés parmi les touristes espagnols. Selon les autorités marocaines, l’attaque porte l’empreinte des services de sécurité algériens. En représailles, le Maroc instaure le visa pour tout Algérien désireux de se rendre en territoire marocain. L’Algérie, de son côté, applique non seulement la réciprocité mais décide de fermer la frontière terrestre. C’est la rupture totale. Dix ans après, les frontières terrestres restent fermées. Jusqu’à quand ? Difficile de répondre. Une chose est sûre, si le règlement de l’épineux différend du Sahara mettra certainement un terme à tous les problèmes entre Marocains et Algériens, l’économie aura son mot à dire dans la «réconciliation» entre les deux voisins.
Cet article a été précédemment publié dans Yabiladi Mag n° 8