Le test Oncotype DX pour le cancer du sein est un test génomique diagnostique de 21 gènes permettant d'estimer le bénéfice de la chimiothérapie et le risque de récidive à un intervalle de 10 ans et ainsi, d’éclairer les oncologues dans leur prise de décision de traitement adjuvant, c’est-à-dire stimulant les effets positifs d’une autre forme de traitement chez certaines femmes atteintes de cancer du sein à un stade précoce, indique le site web dédié au test.
Oncotype DX, développé aux Etats-Unis par la firme californienne Genomic Health, est réalisé dans un laboratoire de référence certifié Clinical Laboratory Improvement Amendments (CLIA), et accrédité College of American Pathologists (CAP), qui a rendu plus de 750 000 résultats à plus de 19 000 praticiens dans plus de 90 pays.
Le test Oncotype DX est destiné aux femmes en pré ou post-ménopause atteintes d’un cancer du sein invasif avec des récepteurs aux œstrogènes (hormone sexuelle femelle primaire) positifs et sans atteinte ganglionnaire, c’est-à-dire sans métastase, ainsi que pour les femmes en post-ménopause atteintes d’un cancer du sein invasif avec des récepteurs aux œstrogènes positifs et atteinte ganglionnaire c’est-à-dire avec métastase.
Le test Oncotype DX permet d'analyser l’expression d’un panel de 21 gènes à partir d’un échantillon tumoral à l’aide d’une technique appelée RT-PCR, c’est-à-dire une réaction en chaîne par polymérase (enzyme capable d’attacher des polymères de nucléotides) à partir d’un échantillon d’acide ribo-nucléique, qui contrairement à l’ADN, ne contient qu’un seul brin.
La méthode RT-PCR en temps réel à haut débit a été développée pour analyser simultanément l’expression de certains gènes. Elle est couramment utilisée dans diverses applications cliniques, comme les tests de détéction de charge virale du VIH par exemple. Elle est sensible, spécifique, hautement reproductible et présente une gamme dynamique étendue.
Lors de l'intervention de chirurgie mammaire, le chirurgien excise la tumeur et le tissu environnant. Ces derniers sont ensuite analysés et conservés par l'anatomopathologiste.
L’anatomopathologiste enverra des sections de tissu cancéreux au laboratoire ayant développé le test. Les résultats du test Oncotype DX seront ensuite envoyés, sous la forme d'un rapport, au médecin prescripteur. Ces informations supplémentaires aux critères classiques permettront au médecin de définir un plan de traitement basé sur les caractéristiques du cancer de la patiente.
Une étude multicentrique prospective publiée dans la revue scientifique médicale The New England Journal of Medicine (NEJM), menée sur plus de 10 000 femmes atteintes d’un cancer du sein à un stade précoce et conduite sous l’égide de l’Institut National du Cancer américain (NCI) et dirigée par l'ECOG-ACRIN Cancer Research Group (ECOG-ACRIN), a démontré que le groupe de patientes dont le résultat Recurrence SCORE Oncotype DX (RS) était bas (RS < 11), ayant reçu un traitelent hormonal seul, sans chimiothérapie, avait un risque de récidive à distance après plus de cinq ans (69 mois) de moins de 1%
«Cette étude prospective portant sur des patientes souffrant d’un cancer du sein précoce, sans envahissement ganglionnaire, des récepteurs hormonaux positifs, HER2-négatif et uniformément traitées, confirme la validité clinique du test de 21 gènes permettant d’identifier les patients qui peuvent bénéficier d’une hormonothérapie seule», indique l'étude.
Joint par téléphone, le Dr Faouzi Habib, oncologue et président du cours supérieur franco-maghrébin de sénologie, a affirmé à Yabiladi que l’oncotype permettra de réduire de 40% les cas nécessitant une chimiothérapie, de limiter les effets de la toxicité sur le corps des patientes.
«L'Oncotype DX coûte très chère au Maroc, environ 40 000 dirhams, et n’est pas remboursée par toutes les assurances mais il est d’une très grande utilité. 40% des cas ne subiront plus de chimiothérapie grâce à ce test qui nous indiquera que la chimiothérapie n’est pas nécessaire. En conséquence, les patientes pourront échapper à une toxicité importante et des frais exorbitants» confie-t-il, déplorant que certains praticiens continuent à travailler à l’ancienne et enlèvent tout le sein, provoquant ainsi des répercussions assez handicapantes telles que le gros bras, à savoir le gonflement provoqué par le ralentissement ou le blocage de la circulation de la lymphe.
Et d’ajouter : «Nous travaillons directement avec la firme californienne. On leur envoit l’échantillon et en une semaine, nous obtenons le résultat.»
La prise en charge au Maroc, entre stagnation et rebondissement
Au Maroc, la prise en charge des cancers du sein a baucoup évolué, principalement au cours de la dernière décennie, pour parvenir au niveau des standards internationaux.
En effet, la création du premier centre de diagnostic et de traitement du cancer remonte à 1928 au Maroc. Le Centre Bergonié, rattaché au centre éponyme de Bordeaux, était le seul et unique centre de traitement des cancers du Maroc, indique Doctinews.
L’ouverture de l'Institut national d'oncologie à Rabat en 1985 et l'ouverture de la première clinique privée à Casablanca en 1988 ont marqué un nouvel élan à l’oncologie au Maroc. Les premiers accélérateurs et scanners de radiothérapie ont alors été introduits dans le pays, mais le manque crucial de moyens a rapidement creusé un grand écart car dès les années 90, d'importants progrès ont été réalisés dans le domaine de la prise en charge des cancers à l'échelle internationale (anatomopathologie, radiologie, accélérateurs et radiothérapie, développement de nouvelles molécules chimiques). Au Maroc, les molécules de chimiothérapie de dernière génération n’étaient pas accessibles et les praticiens privilégiaient l'irradiation au cobalt et la chirurgie carcinologique. La prise en charge des patientes atteintes d'un cancer du sein était par ailleurs limitée aux seules grandes villes de Casablanca et de Rabat et l'oncologie médicale n’était encore qu’une spécialité à l’état embryonaire.
La Fondation Lalla Salma
En 2005, la création de la Fondation Lalla Salma-Traitement et prévention des cancers a marqué un véritable tournant dans la prise en charge des cancers au Maroc. La fondation a mobilisé d'importants moyens qui ont permis l'installation d'équipements de dernière génération (accélérateurs multi-lames, simulateurs numériques…) dans les centres existants, la création de trois nouveaux centres à Fès, Marrakech et Oujda et l'ouverture progressive de centres de traitement régionaux d'oncologie, toujours selon Doctinews.
Afin de permettre à toutes les patientes sans couverture médicale de bénéficier de tous les traitements disponibles, y compris les thérapies ciblées, la fondation a mis en place, en collaboration avec le ministère de la Santé, un programme d'accès aux médicaments et signé, dès 2009, un partenariat avec les laboratoires Roche Maroc, renouvelé au mois de mai 2016. D'autres partenariats ont été également noués dans les domaines de la sensibilisation et de la formation en oncologie ou encore de la recherche.
Le développement des techniques de séquençage des génomes et de la bio-informatique a permis l’essor de la génomique. De nouvelles plateformes d’analyse et séquençage visant à soigner les cancers résistants aux traitements voient alors le jour dans les pays développés.
Le Maroc réussira-t-il un jour à accueillir une plateforme afin de percer le mystère du vivant ? Sera-t-il capable de suivre cette révolution biologique ?