Alors que le Maroc a déjà déposé sa demande officielle d’adhésion à la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), celle-ci a été critiquée par plusieurs personnalités politiques et anciens hauts fonctionnaires nigérians. Bien que cette sollicitation n'ait pas encore été approuvée, un certain nombre de députés nigérians se sont montrés réticents, jeudi à la Chambre des représentants du Nigéria, remettant en question les «motivations» derrière cette demande d’intégration au sein de l’organisation économique régionale.
Comme l'a signalé le journal en ligne nigérian Punch, les députés ont mis en garde contre la présence du Maroc, soulignant qu’elle pourrait impacter négativement leur pays et conduire à des «complications économiques et politiques». Ils ont également adopté une «résolution» à la Chambre des représentants à Abuja en invitant les Comités des relations extérieures et de l'intégration régionale à «entreprendre une évaluation de la question et émettre des recommandations sur les moyens de garantir que le Nigéria soit protégé contre les effets néfastes qui peuvent résulter de l'admission du Maroc à la CEDEAO».
En outre, la résolution initiée par Bosum George-Oladele, un représentant nigérian ainsi que 23 autres députés, a laissé entendre qu’avec cette demande d’adhésion, le royaume a pour cible le marché nigérian et compte déployer des «liens commerciaux hors taxes» avec l'Europe. Soutenant sa position, le groupe de députés a déclaré que «la CEDEAO a un grand marché de plus de 340 millions de consommateurs, dont 55% proviennent du Nigéria, et que ce marché massif est d'un grand intérêt pour le Maroc, partenaire commercial clé de l'Union européenne». «Le Maroc bénéficiera d'un partenariat économique non tarifaire avec l'UE s'il est admis à la CEDEAO (...) Les produits européens inonderont inévitablement la CEDEAO», ont-ils ajouté. Autrement dit, le Nigéria menace de quitter la Communauté si ses autres pays membres approuvent la demande du royaume.
Le groupe d'amitié parlementaire Maroc-Nigéria favorable à la demande d'adhésion du Maroc
De son côté, le groupe d'amitié parlementaire Maroc-Nigéria a tenu mercredi sa réunion inaugurale à Abuja. Celle-ci s’est déroulée sous la présidence conjointe du vice-président du Sénat et président du groupe, côté nigérian, et de Abdelilah Hifdi, président du groupe côté Maroc, ainsi qu’en présence du président du Sénat du Nigéria, Bubakar Bukola Saraki, du président de la Chambre des représentants du Nigéria, Yakubu Dogara, de l’ambassadeur du roi Mohammed VI au Nigéria, Moha Ouali Tagma et des sénateurs et conseillers membres du groupe.
La réunion a été organisée pour débattre des importants accords signés lors de la visite du roi Mohamed VI au Nigéria. L’accent a également été mis sur l’accord sur le pipeline et les engrais, ce qui contribuera au développement économique des deux pays et de toute la région.
Contrairement aux autres députés, le Sénat nigérian «a réitéré son soutien à la consolidation des relations politiques et économiques entre le Nigéria et le Maroc» par l'inauguration du groupe d'amitié entre les deux pays.
Bien que certains fonctionnaires nigérians aient manifesté leur désaccord sur l'admission du Maroc dans la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, la demande du royaume n’a pas encore reçu de réponse définitive. La décision finale de la CEDEAO sera prononcée lors du prochain sommet de l'organisation.