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Grand Angle

Abdelilah Benkirane : « Si l’on est contraint à voter contre la nouvelle constitution, on le fera »

Lors de sa dernière sortie, à Temara, Abdelilah Benkirane, secrétaire général du PJD, annonçait solennellement que son parti pourrait voter contre la nouvelle constitution si on l'y contraint. Contacté par Yabiladi.com aujourd'hui, Benkirane marque un léger recul. Eclairage.

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Abdelilah Benkirane
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Lors de la rencontre organisée par la jeunesse du PJD à Temara, vendredi 10 juin, Abdalilah Benkirane répétait devant un petit public composé essentiellement de Pjdistes et de sympathisants, qu’il est contre le principe de «liberté de croyance» prévu dans le projet de la nouvelle constitution. Benkirane va même plus loin : «Si on est contraint de voter contre, on le fera. On mènera même une campagne pour inciter les gens à voter non».

Des sources qui se rejoignent confiaient, jeudi dernier, à l'AFP que la future constitution stipule que «l'islam reste la religion de l'Etat mais la liberté de croyance est garantie dans le cadre de la loi et sans que cela porte atteinte à l'ordre public».

Contacté par nos soins aujourd’hui, Abdelilah Benkirane nuance légèrement son discours. Il nous déclare qu’il ne s’est pas prononcé au nom du parti. Il confirme cependant que «si la constitution est contre les fondements de ce pays, à savoir la profondeur de notre appartenance arabe, notre islamité et la pureté de notre identité, nous voterons contre». Le PJD réclame la révision du texte avant son adoption par le Roi, ou sa soumission à débat. «On est un parti libre. On peut voter contre si ça ne nous convient pas».

Le secrétaire du Parti de la justice et du développement affirmait, vendredi, que «tout ce qui est en rapport avec les nouvelles prérogatives des institutions constitutionnelles (…) on a rien à y redire» Par contre «dans le discours du 9 Mars, S.M le Roi nous a confirmé l’identité islamique de notre pays, et inchallah il tiendra sa promesse».

Tout en tapant du plat de la main sur son pupitre, Benkirane monte le ton et s’énerve : «Ces gens qui se disent laïcs, veulent juste corrompre ceux qui ont la foi» et d’ajouter : «Nous sommes une nation musulmane, c’est notre nature. Nous n’allons pas permettre à d’autres de construire des églises, convertir nos enfants au christianisme …». L’ancien directeur de publication d’Attajdid, entre deux applaudissements, poursuivait : «Si on a une communauté chrétienne, une autre juive, une chiite, une sunnite, une malékite… on va s’y perdre». Puis en faisant référence au militants du MALI (Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles), que «ceux qui veulent déjeuner pendant le ramadan, qu’ils le fassent. On ne leur a jamais rien reproché. Mais aujourd’hui ils veulent faire des pique-niques devant tout le monde pour que vos enfants fassent pareil».

De la «liberté sexuelle néfaste pour notre identité», à la «perversion sexuelle» (l’homosexualité) qui «existe déjà mais qu’on veut briser comme tabou», à la détresse de la langue arabe qui «souffre» pendant que l’on est à constitutionnaliser et officialiser l’amazigh, Benkirane a varié les arguments pour rallier un public déjà conquis à sa cause.

Benkirane manifeste également des réserves par rapport aux nouveaux pouvoirs du Premier ministre. Pour le SG du PJD, le «Chef du gouvernement» ou «Président du gouvernement» (nouvelle appellation de la fonction de premier ministre) ne peut pas dissoudre le parlement. «Il sera issu de la majorité, très bien. Mais s’il n’est pas d’accord avec le parlement, qu’il démissionne».

Pour finir Benkirane a assuré que le PJD est un «parti royaliste. Pas parce qu’on est amis avec le Roi, ou qu’on a été avec lui à l’école (…), mais parce qu’on est convaincus que la monarchie est une des garanties de l’unité de ce pays».

Intervention de Abdeillah Benkirane, SG du PJD, à Temara, vendredi 10 juin. 

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