Soukaina Boutiyeb est aujourd'hui directrice générale de l'alliance des femmes de la francophonie canadienne, un organisme national et voix porteur au niveau politique, des différents enjeux que les femmes francophones en situation minoritaire traversent au quotidien.
«Je suis directrice générale depuis peu, mais j'avais aussi occupé d'autres postes de direction générale dans d'autres organismes avant.»
En effet, avant de rejoindre son nouveau poste, elle a occupé la direction générale du réseau du patrimoine franco-ontarien, organisme ayant pour but la promotion de l'histoire de la francophonie ontarienne.
«J'ai fait une grosse partie de mes études au Maroc, au groupe scolaire Al yassamine à Casablanca, avant de déménager avec ma famille à l'âge de 14 ans au Canada, où j'ai poursuivi mes études secondaires. J'ai vraiment eu la chance de connaître les deux systèmes scolaires, l'école marocaine et l'école canadienne», nous relate-t-elle.
Une fois les études secondaires achevées, la native de Casablanca entame un cycle de 4 ans à l'université d'Ottawa. Elle y étudie le développement international et la mondialisation, avec une mineure en études des femmes.
«Je voulais faire un changement à l'échelle internationale, et je crois beaucoup au développement des communautés, c'était mon idée primaire à l'entrée de l'université.»
Rapidement, elle a vu qu'elle pouvait tout d'abord apporter du changement au niveau local, dans sa communauté proche canadienne, pour ensuite aspirer à une carrière internationale.
Soukaina ne s'est pas arrêtée là, puisqu'elle a enchaîné avec une maîtrise en études de conflits. Un cursus qui conforte ses ambitions internationales, bien qu'elle s'active dans un premier temps dans son pays.
Une conviction féministe qui vient du Maroc
Le Canada est une société multiculturelle, qui ne possède pas d'identité unique mais plusieurs. Cela l'a beaucoup aidé dans son intégration, explique la jeune femme. En tant que Marocaine, Soukaina se dit chanceuse d'avoir grandi dans une société qui est plurielle. En effet, dès l'enfance elle baigne dans une société très cosmopolite : «On nous apprend l'ouverture d'esprit, on est ouvert à l'occident, tout en gardant nos valeurs.»
Mais sa conviction féministe a germé très tôt, au Maroc. «Quand on vit les injustices sociales, quand on parle de pauvreté, on voit qu'il y a un visage féminin de la pauvreté. Ce sont certes des choses qui changent peu à peu mais on est loin d'avoir une équité du genre. Le féminisme c'est d'abord ce qui t'aide à vouloir faire ta place», ajoute-t-elle.
Le Français, une langue qui lui tient à coeur
Quand on parle du Canada, on pense que le français est une langue cantonnée aux frontières du Québec. Or en réalité, il y a des francophones partout dans les différentes provinces, assure Soukaina Boutiyeb. «Des francophones qui ont été là bien avant les anglophones. Par exemple, l'Ontario a 400 000 ans de présence francophone», ajoute-t-elle.
Soukaina travaille dure pour faire valoir les droits des femmes francophones. Elle milite pour leurs droits, la préservation de leur langue, et pour leur permettre l'accès à des services en français.
«Je fais souvent le rapprochement avec les berbères au Maroc. Leur bataille pour que leur langue soit reconnue, et justement avoir des services en tamazight.»
Dans cinq ans, Soukaina espère avoir fini son doctorat qui a pour sujet l'immigration et la francophonie canadienne. Si son activisme se concentre aujourd'hui sur son pays de residence, elle se dit ouverte à contribuer à l'évolution de son pays d'origine le Maroc.