Après son passage au Boultek en début d’année, la rappeuse néerlandaise d’origine marocaine, Hanan Ait MBarek -alias Nanah Dae- a présenté vendredi soir au stade Al Amal à Casablanca un des concerts les plus mémorables de la 17e édition du Festival L’Boulevard.
Influencée par son enfance, le divorce de ses parents et ses origines marocaines, Nanah Dae a réussi à marier la musique et la danse. La rappeuse âgée de 24 ans a vu le jour aux Pays-Bas, de parents marocains originaire de la région d'Ouarzazate, et plus précisément Kalaat M'Gouna.
À l'âge de neuf ans, ses parents décident de la mettre dans une école pour apprendre à danser. Dès l'âge de douze ans, Hanan faisait déjà du ballet. La découverte du monde du hip hop lui fera bientôt changer d’avis. «Le ballet était trop féminin pour moi, alors que j'étais un ‘’garçon manqué’’, alors je me suis orientée vers la musique hip hop parce que j'aimais les rythmes», nous confie Nanah Dae, vendredi, quelques heures seulement avant son concert.
De la dance au Rap, il n’y a qu’un petit pas…
Après avoir passé des années à l'école de danse, Hanan a réussi à se faire une place dans la musique, en découvrant un talent qu'elle a porté toutes ces années sans s'en rendre compte. «Quand j'étais à l'école de danse, nous étions dans ce bâtiment où ils avaient une partie dédiée aux danseurs et une autre aux bandes, rappeurs et chanteurs», nous déclare-t-elle, «alors, chaque fois que nous avons eu une pause, j'allais rendre visite aux rappeurs et chanteurs pour les regarder jouer». Ce premier contact direct avec le monde du Rap et du hip hop, permettra ensuite à Hanan de trouver son chemin et de libérer enfin ses «compétences cachées».
«Une fois, une fille m’a demandé si je voulais le micro et dire quelque chose ? J'ai répondu oui et j'ai commencé rapper en Freestyle. Ils m’ont dit ensuite que je dois les rejoindre à l’école. C'est ainsi que cela a commencé. Je me suis dit "tu sais quoi ? Je vais quitter l’école de danse pour m’inscrire ici".»
Hanan optera donc pour le rap pour devenir Nanah Dae, la seule rappeuse dans son école où elle apprendra notamment à faire des rimes, jouer avec les mots, trouver son propre style mais surtout répéter avec acharnement. Quelques années plus tard, la Néerlando-marocaine tente sa chance dans une émission. En janvier 2015, elle postule pour «De Grote Prijs Van Nederland», concours néerlandais pour les jeunes talents et elle en sortira grande gagnante. Elle deviendra surtout la première rappeuse à décrocher ce titre.
Le Maroc, une source d’inspiration
Lorsqu'on lui demande sa façon de voir ses origines multiculturelles, Nanah insiste sur le fait qu’elle a toujours apprécié son héritage marocain. «J'ai été inspiré par la culture marocaine qui est incroyable. Il y a Ahwach et le Reggada», dit-elle avec un sourire. «J'adore mélanger ma culture avec ce que je fais parce que cela me rend unique et personne ne peut m'enlever ça», ajoute la jeune artiste.
Désormais sur sa lancée, elle n’oublie pas que ce n'est pas seulement une question de culture mais aussi son vécu, son expérience et sa mémoire d'enfance. D’ailleurs, elle ne rate pas l’occasion d’adresser des conseils aux jeunes et talentueuses filles. Elle leur conseille «de rester concentrées et de s’exercer. «Le talent ne vient pas d’un jour au lendemain. Vous devez également pratiquer et vous exercer», déclare-t-elle. «Vous devez être honnête envers vous et s’entourer de personnes honnêtes», enchaîne-t-elle. Elle explique aussi les raisons pour lesquelles elle n’évoque presque pas l’amour dans ses chansons.
«Je ne parle pas d'amour parce que beaucoup de gens s'inspirent de la musique et je ne veux pas que les filles de 13 ans y pensent. Elles sont trop jeunes pour s'en occuper. Je veux que les jeunes filles s’occupent d'autres choses. Tout d'abord avant de penser à l'amour, vous devez surveiller vos études, traîner avec vos amis et vous assurer d’obtenir une bonne éducation.»
Nanah Dae, qui travaille actuellement sur son tout premier album, est l'une des jeunes artistes invités à la 17e édition de L'Boulevard. Elle, avec d'autres, ont joué hier à Casablanca dans l'un de ses premiers grands concerts. A propos de cette expérience, l’artiste nous a confié être à la fois excitée et sous le trac. Elle reste toutefois confiante pour ce premier grand contact avec le public marocain, surtout lorsque cette jeune rappeuse dit être «impressionnée» par l’évolution «remarquable» de la scène musicale au Maroc. «J’espère que ces artistes viendront aux Pays-Bas pour se produire et montrer leur talent», nous dit-elle avant de citer Masta Flow ou French Montana comme artistes marocains l’ayant marquée.