L’affaire de M’jid El Guerrab a beaucoup agité le monde politique en France et fait couler beaucoup d’encre dans les médias. Mercredi dernier, le député de la 9ème circonscription des Français à l’étranger a asséné des coups de casque à Boris Faure, un responsable du Parti socialiste. A l’origine de l’altercation un contentieux politique datant de 2016, quand le Français d’origine marocaine quitte le PS pour rejoindre La République en Marche (LREM).
L’émission «Faites entrer l’invité» (Spécial MRE) animée par Fathia El Aouni et Mohamed Ezzouak sur Radio 2m a livré une analyse de cette affaire qui a secoué l’actualité de ces derniers jours. L’invité de cette semaine est Abderrahim Hafidi, politologue franco-marocain et journaliste à France 2 qui est intervenu en direct de Paris.
Pour reprendre la chronologie des faits, Boris Faure a été hospitalisé suite à l’altercation et a dû être opéré dans la foulée. Vendredi, M'jid El Guerrab est placé en garde à vue pour 24 heures. Samedi il sera mis en examen pour violences volontaires avec arme. L'affaire est désormais aux mains de la justice. Sur le plan politique l'élu a choisi de démissionner de LREM, ce mardi, mais reste député au sein de l’assemblée. «L’affaire est délicate pour le parti mais aussi pour l’image de l'Assemblée nationale», précise Mohamed Ezzouak. Et d’ajouter : «Des personnalités ont dès lors demandé la démission de M’jid El Guerrab du parti mais aussi de l’assemblée.»
Au niveau des hauts responsables politiques, le ministre français de l’Intérieur Gérard Collomb qui avait soutenu le député lors des élections législatives a demandé «à ce que M’jid El Guerrab démissionne et qu’il prenne ses responsabilités», rappelle Mohamed Ezzouak. Le parti politique du député avait publié un communiqué, «LREM voulait vraiment prendre ses distances de l’affaire», ajoute le directeur de publication de Yabiladi. Abderrahim Hafidi estime qu’il serait très difficile pour «l’opinion et la classe politique de faire bénéficier M’jid El Guerrab d’une quelconque mansuétude».
Un député «fabrique la loi, c’est l’exemple»
Le contentieux politique entre M’jid El Guerrab et Boris Faure remonte à un an, lorsque l’élu franco-marocain quitte les Socialistes pour rejoindre les Marcheurs. «Il y a une lutte féroce entre eux. Un contentieux extrêmement lourd qui entraine une inimitié voire à présent une affaire devant la justice», analyse Abderrahim Hafidi. Toutefois l’affaire est «judiciaire et pénale», un député qui a agressé et qui «a présenté ses excuses». C’est une faute «politique et pénale» puisqu’un député «fabrique la loi, c’est l’exemple même, c’est le référentiel», indique le politologue. «Rien absolument rien ne justifie que l’élu cède à la violence».
Abderrahim Hafidi indique que le choix des avocats n’est pas anodin et démontre la «politisation» de cette affaire. Boris Faure a choisi Patrick Klugman, «un membre très éminent du conseil représentatif des institutions juives de France et ancien président de l’Union des étudiants juifs de France. M’jid El Guerrab a quant à lui opté pour Eric Dupont-Moretti».
Cette affaire n’entacherait-elle pas la belle image que nous avons de la mixité française, avec les messages haineux qui ont pullulé sur les réseaux sociaux s’interroge Fathia El Aouni ? «Je pense que nous sommes dans la turbulence, les expressions racistes trouvent toujours un moment ou un autre pour s’exprimer, ils cherchent la proie et l’alibi est là», déclare le politologue. L’acte de M’jid El Guerrab est «incompréhensible» et «condamnable» vis-à-vis d’un autre homme politique. Mohamed Ezzouak termine sur une note positive : «Sur le long terme, on peut espérer que le travail des autres députés de la diversité (8 sont d'origine marocaine). Je pense que leur travail et action feront oublier ce fait divers.»
Pour écouter le replay de l'émission (à partir de 065:35) cliquer ici :