Pour Ahmed Ouyahia, «l'ouverture de la frontière n'est pas à l'ordre du jour». Le premier ministre algérien s’exprimait ainsi ce dimanche, lors d’une conférence de presse tenue dans la capitale algérienne. Les relations avec le voisin marocain étaient l’un des sujets essentiels de cette conférence de presse. Le premier ministre algérien a reconnu, comme le président algérien avant lui, que les relations bilatérales maroco-algériennes ne souffraient d’aucun problème. Il a cependant précisé, qu’en ce qui concerne l’ouverture des frontières, rien n’était programmé.
Ahmed Ouyahia a poursuivi, disant que «cela arrivera un jour, peut-être», précisant toutefois que la question n'était «pas conditionnée par la question du Sahara-Occidental». Le premier ministre algérien a également souligné que «ces derniers temps, on observe (...) des déclarations de l'agence officielle marocaine et une agitation du lobby officiel marocain aux Etats-Unis pour vouloir impliquer l'Algérie dans l'envoi de mercenaires (et) d'armes en Libye.» Selon le ministre, «ce genre de choses ne sont pas des facteurs qui aident à l'ouverture de la frontière», rapporte l'agence Associated Press.
Si une chose est donc sûre, c’est que, côté algérien, on pense bien à l’ouverture des frontières. Il semble cependant que la question ne soit pas aussi urgente que l’ont laissé croire les médias des deux pays ces derniers jours et semaines.
Des signes de détentes mal interprétées ?
La question est légitime, tant les actes et les paroles des officiels des deux pays avaient montré que l’on se dirigeait bien vers une réouverture imminente, des frontières terrestres, fermées depuis 1994. Le 16 avril dernier, le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, déclarait «Il n’existe pas de problème entre l’Algérie et le Maroc (…) Le problème du Sahara occidental est un problème onusien. Le Maroc est un pays voisin et frère. Il faut coopérer et nous devons coopérer».
Mourad Medelci, chef de la diplomatie algérienne, allait plus loin, soulignant que : «La fermeture continue des frontières entre deux pays limitrophes comme l’Algérie et le Maroc n’est pas raisonnable, la réouverture des frontières s’impose [...] mais avant, il faut créer les conditions nécessaires». Son homologue marocain, Taieb Fassi Fihri, avait lui aussi, appelé à l’ouverture des frontières, lors d’une récente conférence à Rabat.
La radio marocaine avait même annoncé que les frontières seraient ouvertes dans la perspective du match Maroc-Algérie. Le quotidien algérien «La Voix de l’Oranie», citant des sources algériennes haut placées, avaient annoncé l’évènement pour le 2 juin prochain. A l’évidence, il faudra attendre bien plus longtemps. Entre temps, la MAP ne se prive pas de publier une nouvelle dépêche sur les implications possibles entre l'Algérie et la Libye de Kadhafi. «L'Algérie tente de fournir des chars aux forces de Kadhafi (The Independent)», titre-t-elle lundi 30 mai.