L'Boulevard des jeunes musiciens, festival dédié à 100% à la musique urbaine au Maroc, sera réduit cette année. Faute de moyens financiers, les organisateurs se sont résignés à sacrifier une partie du festival. Toutefois, le volet principal et essentiel de la manifestation, le Tremplin du Boulevard, a bien eu lieu, du 13 du 15 mai, aux anciens abattoirs de Casablanca.
En dépit de la rupture de contrat «à l’amiable», avec son principal sponsor, l’opérateur téléphonique Inwi, et le manque d’alternatives de financement, l’événement a été maintenu et organisé avec un budget avoisinant les 600 000DH, a indiqué le duo Merhari Mohamed, alias Momo, et Hicham Bahou, fondateurs de l’association EAC-L’Boulevart. Il est «hors de question de zapper le Tremplin», affirme Hicham Bahou pour qui le Tremplin constitue «un festival à part entière».
Programmé quelques jours après le Tremplin, le festival Mawazine se tiendra du 20 au 28 mai, à Rabat. Les deux événements n’ont pas la même envergure, mais force est de constater que l’un a été maintenu malgré de vives contestations, notamment de la part du Mouvement du 20 Février, et que l’autre survit difficilement faute de moyens. Avec 62.4 millions de dirhams, le budget de Mawazine est 100 fois plus élevé que celui du L’Boulevard.
Mawazine plus rentable que L’Boulevard
L’écart de budget s’explique par les choix de communication des grandes entreprises marocaines. L’Boulevard rassemble près de 100 000 spectateurs chaque année, quand Mawazine en compte 2 millions répartis autour de 8 scènes. Les sponsors favorisent généralement «des festivals comme celui de Mawazine ou encore le festival de Casablanca, parce qu’ils leurs offrent plus de visibilité, cela est plus intéressant pour eux du point de vue marketing», explique Hicham Bahou.
Pour Aziz Daki, directeur artistique du festival Mawazine, le choix du festival se fait «objectivement» en se basant sur «des critères de rentabilité». Il tient à préciser que le sponsoring ne représente pas la plus grande part du budget du festival Mawazine, «il a fallu que le sponsoring soit créatif pour générer d’autres sources de financement».
Selon lui, la plus grande part du budget est constituée par les recettes du festival, notamment pas le biais de la vente des tickets, des passes et des droits de télé. EAC-L’Boulevart est également consciente de la nécessité de développer l’aspect financier de l’association afin de pouvoir investir plus le champ culturel au Maroc.
Evènementiel ou investissement culturel
Les festivals, particulièrement Mawazine, voient souvent leur programmation qualifiée d’«excessive» dans le sens où toute une palette de têtes d’affiches internationales est invitée chaque année. Le festival Mawazine se prolonge, en moyenne, une dizaine de jours, sans pour autant mettre en place des actions culturelles qui s’inscrivent dans la durée.
Pour Aziz Daki, Mawazine et ses rythmes du monde contribuent au développement du royaume de plusieurs façons, d’abord en transmettant «des valeurs qui reposent sur la tolérance, la diversité culturelle» et aussi par «la promotion des artistes marocains qui représentent 45 % de la programmation cette année». Le directeur artistique du festival a également rappelé la mise en place du concours Génération Mawazine dont les lauréats, 3 au maximum, poursuivront par la suite une formation spécifique et seront accompagnés par le producteur Red One en personne.
Le Tremplin du Boulevard poursuit également les mêmes objectifs, depuis 1998, l’année de création de l’association EAC-L’Boulevart. Le festival vise particulièrement à révéler les jeunes formations musicales au grand public et à leur offrir plus d’occasions de se produire sur scène. Cette année 18 groupes, répartis dans 3 catégories musicales, ont été en compétition. Parallèlement à l’évènement, l’association EAC-L’Boulevart vise «la durabilité». Elle a déjà ouvert, il y a quelques mois, au centre des musiques actuelles baptisé le Boultek, un studio de répétition, sur réservation, pour les jeunes groupes de la scène underground. Un studio d’enregistrement ainsi qu’une web-radio seront bientôt mis en place.
Cet article a été précédemment publié dans Yabiladi Mag n°7