Cité Mohammed VI Tanger Tech : Opération séduction médiatique des Marocains et des Chinois

Rassurer était le maitre mot ce matin au siège du groupe panafricain BMCE Bank of Africa. Tout juste 4 mois après la signature par le roi du protocole d’accord affilié au projet de création de la ville nouvelle, s’est tenue une conférence au siège du groupe BMCE Bank of Africa à Casablanca. Baptisée la «Cité Mohammed VI Tanger Tech», la nouvelle ville est le fruit d’une collaboration entre la région Tanger-Tetouan-Al Hoceima (TTAH) et des opérateurs privés chinois et marocains. En chef de file pour le royaume, la BMCE et du côté des chinois, le groupe Haite et groupe étatique China Railway Construction Corporation International. D’ailleurs ce dernier a signé le 21 juillet dernier un mémorandum d’entente avec la BMCE Bank of Africa.

Cette rencontre arrive suite à la publication de plusieurs articles de presse (ici et là) qui pointaient les zones d'ombres d'un projet titanesque pour le Maroc. C’est dans ce sens que la semaine dernière un voyage de presse a permis à quelques journalistes d’aller visiter le site qui devrait accueillir ledit projet. Dans ce contexte de crise, les responsables du projet ont donc multiplié les initiatives pour promouvoir la réussite et la concrétisation prochaine de cette ville.

Cette initiative découle du partenariat stratégique signé le 11 mai 2016 entre le Maroc et la Chine qui a permis d’ouvrir de nouvelles perspectives pour une coopération bilatérale. Lancé en mars dernier par le roi Mohammed VI, la ville industrielle qui s'étendra sur un terrain de 2000 hectares, ambitionne de compter quelque 300 000 habitants, créer 100 000 emplois et générer 11 milliards de dollars sur 10 ans.

"On est resté sur notre faim..."

«Je ne souhaite pas rentrer dans les détails financiers, ce n'est pas dans mon habitude», a répondu Othman Benjelloun, président directeur général de la BMCE Bank of Africa, suite aux nombreuses questions des journalistes. Ilyas El Omary, président de la région TTAH qui abritera le projet, a fuité une précision importante : «La région est partie prenante du projet en mettant à disposition le foncier. La région est associée à 5% dans le projet», a-t-il affirmé. Il s'est ensuite essayé à défendre le projet du point de vue intérêt économique pour les entreprises chinoises avec plus ou moins de succès. 

Enfin, du côté de Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique, il a plus été question de la volonté du royaume de développer ce concept de villes industrielles dans son discours. En effet, il a souligné l’importance de créer des cités industrielles avec des zones d’habitations, des projets qui, pour lui, seraient créateurs d’emploi et de vie. S'il a été beaucoup question de villes industrielles, la composante smart city du projet intial n'a pas du tout été évoquée lors de la conférence. 

La «Cité Mohammed VI Tanger Tech» continuera sûrement à susciter des interrogations tant par l'ampleur de l'investissement que le nombre d'emplois prévus. A la fin de la conférence d'ailleurs, certains journalistes ont avoué être restés sur leur faim...