180 Amstellodamois nés dans 180 pays et appartenant à 180 cultures différentes, toutes installées à Amsterdam. Dans un projet co-initié et réalisé par Ahmed Larouz, entrepreneur néerlandais innovateur et gestionnaire marketing, ce dernier met en exergue toutes les cultures et nationalités. Le livre publié récemment contient des interviews et des portraits d'un certain nombre d’Amstellodamois relatant leur vie dans la ville hôte. Nés dans différents pays, ces Amstellodamois sont là pour prouver au monde que la diversité est la clé de l'intégration.
Dans une interview avec Ahmed Larouz, Yabiladi a pu mettre en lumière l’objectif principal d’une telle initiative.
Quel est l'objectif et la philosophie de ce projet ?
La raison pour laquelle nous avons lancé ce projet découle du maire d'Amsterdam. Il avait demandé à beaucoup de gens dans la ville de ne pas nourrir le conflit Israélo-palestinien ici. Je me suis inspiré de l'histoire de «Humans of New York» et des réseaux sociaux et, en même temps, je pensais que si nous parlons de deux groupes différents et que nous excluons les autres, cela ne fonctionnerait pas. J’ai donc regardé le point le plus positif dans la ville d'Amsterdam, qui était la diversité. 180 nationalités vivent dans la ville, l'endroit le plus diversifié au monde. Ensuite, j'ai pensé qu'il était peut-être préférable de montrer au monde combien Amsterdam est belle et à quel point notre culture est riche. J'ai essayé de me concentrer sur l'ensemble de la communauté et pas seulement sur la communauté marocaine ou musulmane.
Nous avons rassemblé toutes ces personnes, nous avons fait des entretiens et des portraits-photo. Nous avions également des statistiques et des chiffres pour savoir exactement qui vit à Amsterdam. Ce qui rend ce projet très compliqué, c'est que les personnes que nous avons interrogées devaient être nées dans leur pays d'origine. Par exemple, nous avons eu plus de 10 000 Marocains vivant à Amsterdam mais nous nous sommes intéressés à ceux qui sont nés au Maroc.
Leur parcours et le fait qu’ils ne soient pas nés ici. Est-ce cela qui a motivé ce projet ?
En effet, ce qui fait d’eux des citoyens satisfaits à Amsterdam, c’est leur connexion avec la ville. Nous avons fait appel aux médias sociaux, nous avons réalisé des interviews, des portraits et nous avons collaboré avec un quotidien intitulé Parool. Nous avons exposé dans l'une des plus grandes bibliothèques d'Amsterdam et dans un musée. Nous avons également organisé 180 activités pour relier les personnes. Ce dernier projet prendra un an et demi, je pense que nous sommes actuellement à 100 activités. Donc ce n'est pas un projet qui repose uniquement sur la publication du livre, au contraire, c'est une façon de réaliser combien les cultures sont riches, et la richesse d'Amsterdam est faite par différentes cultures.
Votre projet a été inspiré par la crise politique qui a secoué Gaza, mais il est également là pour transmettre un message concernant la montée des politiciens nationalistes. Considérez-vous vraiment le livre comme un moyen de s'adresser à ces politiciens?
Ce n'est pas seulement un message politique mais aussi social et économique parce que vous voulez faire comprendre aux gens qu'ils sont dans un environnement sûr, humain et confortable où ils peuvent être créatifs et libres d'exprimer ce qu'ils sont. Nous ne sommes pas les seuls à faire face à ces conflits, l’extrême droite est partout dans le monde. Cependant, la question ici est la valeur ajoutée qui permettrait aux Amstellodamois d'être fiers d'eux. Il ne faut pas que tous les problèmes prennent des dimensions politiques car l’Europe y remédie. Le plus important, c'est que nous avons cette belle ville où tout le monde est fier d'être un Amstellodamois. Nous essayons de lutter contre les préjugés avec ce livre.
Qui a contribué à la réalisation de ce projet ?
L'équipe est plus grande que ce que nous étions la première fois, c’est pourquoi nous avons eu l'idée d'avoir un partenaire. Ce dernier était juif, j'étais musulman et nous avons pensé le faire dans cette perspective. Lorsque nous avons commencé, tout le monde s'intéressait à notre idée. En très peu de temps, le projet est devenu plus grand et tout le monde y a participé. J'ai réussi, bien sûr, en raison de mon passé dans le social et le traitement des problèmes multiculturels et des problèmes de diversité. Je l'ai également guidé par des considérations de marketing et l'impératif de développer le projet à un niveau supérieur. Lorsque nous parlons d'intégration, la plupart du temps, les gens prétendent inclure d'autres personnes à faible budget. Nous, nous avons essayé de le faire avec de bons et précieux moyens, d'amener les meilleurs designers, des interviewers et les journalistes. Nous l'avons fait aussi grand que possible. J'espère que d'autres villes seront inspirées par notre projet. Je suis fier de ça.