Nasser Zefzafi est au cœur d’une affaire bien embarrassante pour l’Etat. Ses services se rejettent en effet la responsabilité d’une vidéo le montrant forcé d’exhiber son corps devant une caméra. La diffusion, hier soir, de l’enregistrement par un média proche de certains milieux sécuritaires a immédiatement été condamnée par les avocats du meneur du Hirak à Al Hoceima.
S’en est suivi une cascade de réactions de parties officielles. Ainsi, le procureur général du roi près la cour d’appel de Casablanca a ordonné l’ouverture d’une enquête «pour élucider les circonstances de l’enregistrement d’une vidéo, attribuée au dénommé Nasser Zefzafi durant la période de sa détention, et la finalité de sa publication», indique-t-il dans un communiqué relayé par la MAP.
La délégation des prisons se dérobe
Se sentant dans le viseur des avocats de la défense de Zefzafi, la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) a été contrainte de réagir.
Elle dément, à travers la direction de la prison Oukacha à Casablanca, que l’enregistrement de la vidéo en question ait été effectué dans ses locaux. Les services de Mohamed Saleh Tamek demandent ainsi au parquet général de chercher ailleurs et accusent même les «médias ayant relayé la vidéo d’être à la solde de parties prétendant défendre les droits de l’homme».
En principe, l’enquête en cours confiée à la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) est à même de déterminer les véritables auteurs de l’enregistrement. Dans cette affaire, seule manque la réaction de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), sachant que la BNPJ a déjà interrogé Nasser Zefzafi pendant sa garde à vue.
Une vidéo qui fuite en riposte à un rapport sur la torture des détenus
Le timing de la «fuite» de cet enregistrement n’est pas innocent. Il intervient une semaine après la publication, dans les mêmes circonstances, d’extraits d’un rapport commandé par le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) à deux médecins légistes accusant les services de Hammouchi d’avoir torturé les détenus du Hirak incarcérés à Casablanca.
La DGSN a vivement rejeté «ces accusations et dangereuses allégations portées à l’encontre de ses services et fonctionnaires», s’est-elle indignée dans un communiqué publié dans la soirée du 3 juillet.
Une colère qui n’a pas empêché pour autant le ministre de la Justice de soumettre, quelques heures plus tard, ledit rapport au parquet général.